Le baobab de Mikalou
Le président du Sénat s’est éteint. Avec lui disparaît un pan entier de l’histoire politique du pays.
Le « vieux » n’est plus. Le président du Sénat congolais est décédé, le 17 novembre à Paris, d’un cancer du pancréas. Pour honorer celui qui fut une figure de la gauche congolaise pendant près de cinquante ans et, depuis 2002, le numéro deux du pays, trois jours de deuil national ont été décrétés. Né le 23 septembre 1933, à Bétou, dans la région de la Likouala (nord du pays), Ambroise Édouard Noumazalay a commencé très tôt à s’intéresser à la politique. Dans l’Hexagone, notamment, au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire de France (FEANF). Au Congo ensuite, où il devint, en 1964, secrétaire général du Mouvement national de la révolution (MNR) sous le régime de l’ancien président Alphonse Massamba-Débat, puis Premier ministre en 1966 et l’un des fondateurs du Parti congolais du travail (PCT).
Impliqué dans le putsch du 22 février 1972, il est écarté du pouvoir jusqu’à l’arrivée de Denis Sassou Nguesso à la tête du pays, le 5 février 1979. Élu secrétaire général du PCT en 1990, Noumazalay a pour mission de transformer l’ancien parti unique en un mouvement rassembleur tendance « social démocrate ». Mais, très vite, il se heurte à l’aile conservatrice du parti menée par Lékoundzou Itihi Ossetoumba. Fidèle compagnon de Sassou, il le soutient à la présidentielle de 1992, finalement remportée par Pascal Lissouba. En octobre 1997, il participe au renversement de ce dernier. Noumazalay supervise les opérations depuis le QG installé à Paris. En 2002, Sassou, réélu, lui confie l’intérim de la présidence du PCT et, surtout, celle du Sénat.
Table ouverte
Si beaucoup de Congolais connaissent « Noumaz » l’homme public, peu l’ont fréquenté en privé. « Il aimait les belles et bonnes choses. Il était raffiné et élégant », confie Patrice, l’un de ses fils. Il fut même en son temps, dit-on, un grand modèle pour les « sapeurs ». Ce géant de plus de 1 m 90 aimait aussi les femmes. C’est à Toulouse (France), où il a suivi des études d’économie et de statistiques, qu’il rencontre Aurore Dernejo, une Française qu’il épousera et dont il aura deux enfants. En bon patriarche, il en aura bien d’autres, plus d’une vingtaine, dont plusieurs avec Véronique, celle qui a partagé les dernières années de sa vie. Tout le monde appréciait sa générosité. Ne disait-on pas que chez lui c’était « table ouverte en permanence » ? Si Noumazalay vivait à l’aise, ce n’était pas dans le luxe. Sa modeste maison de Mikalou, à la sortie de Brazzaville, en témoigne.
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