La révolte des bana-banas

Publié le 27 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Des carcasses de voitures calcinées Une agence de la Société nationale d’électricité (Senelec) saccagée et une mairie d’arrondissement incendiée Des rues jonchées de pierres et de débris en tout genre Ce 21 novembre, Dakar a vécu ses heures les plus chaudes depuis l’accession au pouvoir d’Abdoulaye Wade, en 2000. Furieux de l’interdiction qui leur était faite – et imposée manu militari -, depuis plusieurs jours, de disposer leurs étals sur les trottoirs et de sillonner les rues de la ville, les bana-banas (marchands ambulants) se sont brutalement révoltés.
Soutenus par de jeunes désuvrés des quartiers populaires, ils ont réussi l’« exploit » de tenir Dakar pendant six heures, se déplaçant librement d’un quartier à l’autre, communiquant par SMS pour coordonner leurs actions et déjouer la vigilance des forces de l’ordre Le déploiement des hommes du Groupement mobile d’intervention (GMI) et de la Légion de la gendarmerie d’intervention (LGI), un corps d’élite qui n’est engagé que dans les situations d’urgence, n’a pas suffi à juguler l’émeute. Deux cents personnes ont été arrêtées.
Les services de renseignements, qui n’ont strictement rien vu venir, ne sortent certes pas grandis de l’affaire. Mais le pouvoir politique n’est pas indemne. Lui qui avait déjà défini les emplacements des futurs marchés hebdomadaires a dû accepter, le 22 novembre, que les marchands ambulants reprennent, au moins partiellement, leurs activités dans les rues de Dakar. Au moins jusqu’à la fête (musulmane) de la Tabaski, le 20 décembre, le temps de trouver d’autres solutions.
Bien entendu, la décision des autorités n’avait rien d’absurde, Dakar étant littéralement asphyxié par l’encombrement anarchique de ses rues. Le problème est que le « déguerpissement » des marchands ambulants est intervenu dans un contexte social rendu explosif par le renchérissement du coût de la vie. Début novembre, le chef de l’État a même été contraint d’annoncer dix-neuf « mesures d’urgence » pour aider les plus démunis. Mal préparée et dépourvue de mesures d’accompagnement, l’évacuation des rues a provoqué l’arrêt des activités du « secteur informel », qui absorbe une partie nullement négligeable des cent mille jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail.

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