Fenêtre africaine sur le Web 2.0
Des freins techniques et culturels pourraient empêcher le continent de tirer pleinement parti de la nouvelle génération de sites participatifs.
Très usité dans la communauté des bloggeurs, le terme Web 2.0 trouve son origine en 2003, quand sont apparus les sites dynamiques et interactifs, par opposition aux premières pages du Web, rarement – ou jamais – mises à jour. Pour les développeurs, l’expression recouvre un ensemble de logiciels et de langages qui font la richesse des sites de cette génération. D’autres considèrent que ces outils encouragent les internautes à participer à l’élaboration du site et à collaborer entre eux pour l’améliorer. Aucune définition ne met tout le monde d’accord, mais il suffit de retenir que le Web 2.0 est participatif : l’internaute apporte sa contribution aux sites qu’il visite et interagit avec les applications auxquelles il accède.
Ainsi sont nées de véritables communautés, le premier réflexe des internautes consistant à s’associer à des groupes dont ils partagent les idées, la classe sociale ou les origines. Bon nombre d’Africains ont compris l’intérêt du Web 2.0 et s’y sont lancés. Les jeunes lâchent leurs commentaires sur les blogs, ils créent des profils sur le site Hi5, où ils postent leurs photos. Les sitcoms ivoiriennes et nigérianes se visionnent sur Mozikoo et YouTube. Les chercheurs et les étudiants utilisent Wikipédia, l’encyclopédie rédigée sur une base collaborative (« wiki » est un outil qui rend les pages d’un site librement et également modifiables par tous les visiteurs autorisés).
L’Afrique anglophone, notamment l’Afrique du Sud et le Kenya, est à la pointe pour le moment. Le Sud-Africain Justin Hartman a lancé Afrigator, qui se propose de recenser tous les billets publiés sur les blogs africains. Sur Muti, clone du célèbre Digg, les internautes peuvent voter pour une page Internet africaine, proposée par un utilisateur. La société sud-africaine Synthasite, célèbre pour son service de création de sites en ligne, vient de lever 5 millions de dollars auprès des investisseurs pour accélérer son développement. Citons encore Sanaga, fournisseur de plates-formes vidéo, Afrotalk pour les entrepreneurs, Afriville ou encore Maghreb-in pour les rencontres.
Le haut débit trop cher
À terme, le Web 2.0 devrait trouver de multiples applications dans les entreprises africaines pour faire circuler l’information, favoriser l’échange d’idées et, au bout du compte, améliorer les performances. Mais si les outils existent, des freins demeurent. Au plan technique, le Web 2.0 suppose un accès à haut débit de type ADSL, dont le coût reste prohibitif dans de nombreux pays. Une autre limite se trouve dans la culture de certaines entreprises africaines, où les « chefs », au sens traditionnel, pourraient craindre que le partage des idées et les projets en accès libre puissent remettre en cause leur autorité. L’Afrique n’est pas en retard sur le Web 2.0, mais il faut encore progresser pour l’utiliser pleinement, à l’africaine.
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