Européens, empêchons la guerre contre l’Iran

Publié le 27 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’invasion de l’Irak par la coalition que dirigent les États-Unis était contraire à la charte de l’ONU, et s’est révélée catastrophique. Une agression contre l’Iran serait tout aussi illégale et encore plus catastrophique. La charte de l’ONU, article 2, paragraphe 4, énonce : « Les membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. » [Or] l’Iran n’a pas attaqué les États-Unis, les États-Unis sont signataires de la charte de l’ONU, toute attaque de l’Iran par les États-Unis serait donc illégale au regard de la loi internationale mais aussi d’après la Constitution des États-Unis, qui reconnaît les traités comme loi suprême du pays – y compris bien sûr pour les militaires, qui ont prêté serment à la Constitution.
Ces remarques valent tout autant pour les gouvernants, les militaires et les citoyens des États européens membres de l’ONU qu’ils soient ou non alliés aux États-Unis dans le cadre de l’Otan. Nous les appelons donc à refuser par avance toute coopération, toute aide politique, économique ou militaire et tout soutien logistique en cas de guerre.
La guerre qui se poursuit en Irak a fait des milliers de victimes parmi les militaires, des centaines de milliers dans la population. Elle représente une catastrophe écologique et sanitaire qu’on est encore loin de mesurer. Elle alimente les haines, le fanatisme et le terrorisme qu’elle était censée combattre. Une attaque contre l’Iran, quelles que soient ses cibles, ses méthodes et son ampleur initiale, aggraverait considérablement la situation en aboutissant à des résultats similaires, sans parler de ses effets désastreux sur l’économie mondiale. Ce serait encore pire si l’idée folle d’utiliser des armes nucléaires tactiques – qui existent – était mise en route pour empêcher l’Iran de construire, malgré ses dénégations, des armes nucléaires dont les récentes inspections de l’AIEA n’ont pas trouvé trace.
Le peuple iranien a supporté, sous la direction des mollahs, une guerre de huit ans contre son agresseur Saddam Hussein. Ce n’est pas en l’attaquant à nouveau qu’on l’éloignera de ces mêmes dirigeants. Ce n’est pas en faisant dans ses rangs des milliers ou des centaines de milliers de morts qu’on améliorera le respect de ses droits humains. Ce n’est pas en cherchant à vendre partout, sauf à l’Iran, de la technologie nucléaire qu’on le convaincra de renoncer à cette technologie. Ce n’est pas en conservant et en modernisant leurs propres armes nucléaires, comme le font les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne (outre la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan et Israël) qu’on pourra exiger de l’Iran qu’il y renonce. Et ce n’est pas en continuant à bafouer l’article 5 du Traité de non-prolifération (TNP) que les États dotés d’armes nucléaires peuvent exiger quoi que ce soit des autres États signataires du TNP, Iran compris. Non-prolifération et désarmement vont de pair. Il est urgent de l’admettre.

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