Sortie de l’Opep : « D’autres pays pourraient emboîter le pas au Qatar »

Alors que la décision du Qatar de quitter l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prendra effet en janvier, Abdellah Baaboud, directeur du Gulf Studies Center à l’université du Qatar, décrypte pour Jeune Afrique les motivations de l’émirat, membre historique de l’organisation.

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar, à Koweït-City le 5 décembre 2017. © Jon Gambrell/AP/SIPA

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar, à Koweït-City le 5 décembre 2017. © Jon Gambrell/AP/SIPA

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Publié le 16 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Lundi 3 décembre, le Qatar annonçait, par la voix de son ministre de l’Énergie Saad al-Kaabi, qu’il allait claquer la porte de l’Opep dès janvier prochain. Quelle signification donner à cette décision ? D’autres pays pourraient-il suivre ? Les réponses du spécialiste Abdellah Baadoud.

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Jeune Afrique : Comment expliquer la décision du Qatar de quitter l’Opep ?

Abdellah Baadoud : La position officielle du Qatar est que l’émirat cherche à se concentrer sur sa production de gaz. Dans une certaine mesure, c’est vrai. Le Qatar n’est pas un gros producteur de pétrole et possède un potentiel beaucoup plus important en gaz naturel. Mais je crois que la décision va au-delà de cette seule question technique.

L’émirat se voit comme un acteur de second rang au sein de l’Opep, contrôlée de fait par le plus gros producteur qu’est l’Arabie saoudite

Officiellement, le Qatar a annoncé que cette décision n’était pas politique. Mais tout ce qui touche à l’industrie du pétrole est politique. L’émirat se voit comme un acteur de second rang au sein de l’Opep, qui est contrôlée de fait par le plus gros producteur, l’Arabie saoudite. Et l’organisation a en partie compromis son intégrité du fait de l’exposition de l’Arabie saoudite aux pressions américaines, surtout dans le contexte de l’assassinat de l’éditorialiste Jamal Khashoggi et de la guerre au Yémen.

Les États-Unis seraient-ils donc les vrais maîtres de l’Opep ?

Les leaders américain et saoudien se serrent les coudes en ce moment, du fait de leur affaiblissement. Les États-Unis sont devenus eux aussi un acteur majeur du secteur énergétique, et n’hésitent plus à dicter sa conduite à l’Opep, remettant en cause la crédibilité de l’institution. C’est une des raisons du départ du Qatar. Si cette tendance américaine à intervenir dans la politique de l’Opep se poursuit, je crois que d’autres États emboîteront le pas au Qatar.

Le Qatar est également isolé au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Est-il envisageable de voir l’émirat quitter l’organisation régionale, alors que l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani a choisi de ne pas se rendre à Riyad lors de la dernière réunion ?

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Ce sont deux organisations très différentes. L’Opep a une vertu fonctionnelle, destinée à conserver les intérêts des pays exportateurs de pétrole. Bien sûr, le CCG est lui aussi dominé par le plus grand pays de la région, l’Arabie saoudite. Bien sûr la crise du Golfe et le blocus de certains membres du CCG contre le Qatar a affecté l’intégrité de l’organisation et la confiance entre les États membres. Malgré tout, il y a un sentiment d’appartenance commune au sein du CCG, donc personne ne veut le quitter.

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Même si le Qatar n’y voit plus beaucoup d’intérêt, surtout dans le contexte du blocus, il ne voudra pas être le premier pays à sortir de l’organisation régionale, d’autant que cela renforcerait les critiques sur son attitude vis-à-vis de ses voisins. Au sein de l’organisation, le Qatar essaie pour le moment de conserver un équilibre entre les pays qui lui sont hostiles et les autres. Il est pour le moment partisan de la stratégie « attendre et voir ».

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