« Bon débarras ! »

Ian Smith, figure emblématique du racisme blanc sur le continent, est mort à l’âge de 88 ans.

Publié le 27 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Celui qui proclamait, lorsqu’il était au pouvoir, que « moi vivant, jamais un Noir ne dirigera ce pays », aura tout de même survécu un quart de siècle à l’indépendance du Zimbabwe. Ian Douglas Smith, décédé le 20 novembre dans une clinique du Cap (Afrique du Sud) à l’âge de 88 ans, était la dernière figure « historique » du racisme blanc sur le continent, un racisme à l’anglo-saxonne, pétri de mépris et de certitudes. Il y a quelques années, lors d’une interview recueillie à Londres, celui qui régna sur la Rhodésie de 1964 à 1980 n’hésitait pas à répéter son credo : « Sans les Blancs, l’Afrique ne peut pas fonctionner. Les politiciens noirs ne savent bien faire qu’une seule chose : s’accrocher au pouvoir. »
Descendant des premiers colons britanniques installés entre Zambèze et Limpopo à la fin du XIXe siècle, Ian Smith devint Premier ministre en 1964 avant de proclamer, deux ans plus tard, l’indépendance unilatérale de cette colonie. Soutenu par l’Afrique du Sud de l’apartheid, ce représentant des quelque deux cent mille fermiers blancs que comptait alors la Rhodésie impose sa loi. Prospérité et développement accéléré des infrastructures pour la minorité ; mise sous tutelle politique et assistanat pour la majorité, réduite au rang de main-d’uvre agricole et minière. Lorsqu’en 1972 Robert Mugabe et Joshua Nkomo déclenchent la « Chimurenga » – la lutte armée – Ian Smith répond par la loi martiale. En huit ans, la guerre fait trente mille morts, pour la plupart africains. Totalement isolé sur la scène internationale, Smith doit céder. Il abandonne le poste de Premier ministre à Abel Muzorewa – qu’il manipule – puis doit se résoudre aux accords de Lancaster House, qui voient Mugabe, « le diable noir » selon lui, accéder au pouvoir en 1980.
Député au Parlement de Harare jusqu’en 1987, sous les couleurs de son parti, le Rhodesian Front, Ian Smith est peu à peu marginalisé. Impuissant et la rage au ventre, il assiste en 2001 à l’occupation d’une partie de ses fermes par des ouvriers agricoles. Mais c’est avec une joie maligne qu’il se félicite ouvertement des déboires économiques de plus en plus inquiétants de Robert Mugabe, voyant là une preuve de plus de l’incapacité, quasi congénitale à ses yeux, des Africains à se gouverner eux-mêmes. Cet homme, qui pas une seule fois n’a daigné exprimer le moindre regret pour les victimes de sa politique ni la moindre autocritique pour son passé, est donc mort satisfait. « Bon débarras », a lâché pour tout commentaire un ministre zimbabwéen

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