Karim El Aynaoui : « Il y a de grandes incertitudes quant aux règles du commerce mondial »

Au lendemain des Dialogues atlantiques, organisés à Marrakech par le Policy Center for the New South (ex-OCP Policy Center), l’organisateur fait le bilan d’une septième édition qui a notamment connu la participation de Madeleine Albright, Amr Moussa ou encore Hubert Védrine.

Karim El Aynaoui, directeur général du Policy Center for the New South. © youtube

Karim El Aynaoui, directeur général du Policy Center for the New South. © youtube

fahhd iraqi

Publié le 17 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Ces grandes figures de la diplomatie qui, un temps, ont façonné le monde, ont tous défilé dans la salle de bal de l’hôtel La Mamounia de Marrakech où s’est tenue, du 13 au 15 décembre, la 7ème édition des Dialogues atlantiques. Au-delà de ces têtes d’affiche, l’événement organisé par le think tank Policy Center for the New South a regroupé pas moins de 350 experts reconnus dans les domaines économiques, politiques ou sécuritaires pour échanger leurs expériences, livrer une lecture du monde actuel et explorer celui de demain.

Bilan avec le maître de cérémonie, Karim El Aynaoui, ancien économiste de la Banque mondiale et Bank Al-Maghrib, aux commandes du think tank Policy Center for the New South (ex-OCP Policy Center) depuis sa création en 2014.

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Jeune Afrique : Après sept éditions, les Dialogues atlantiques ont-ils atteint « l’âge de raison » ?

Karim El Aynaoui : Au fil des années, nous avons graduellement réussi à créer un espace où le nord vient rencontrer le sud de l’ensemble atlantique. Ce bloc géopolitique renvoyait exclusivement aux relations bien établies entre Amérique du Nord et Europe, alors que la notion d’espace atlantique élargi, avec ses façades africaine et sud-américaine, n’était pas suffisamment abordé.

Nous veillons à un rééquilibrage entre Atlantique nord et Atlantique sud, mais aussi à un rééquilibrage intergénérationnel

Les Dialogues atlantiques s’inscrivent dans cette optique, ce qui fait la particularité de cet événement. Nous veillons à un rééquilibrage entre Atlantique nord et Atlantique sud, mais aussi à un rééquilibrage intergénérationnel, notamment à travers notre communauté de jeunes leaders. Par rapport à cet objectif, je pense que nous avons atteint une sorte de point d’équilibre : le programme des Atlantic Dialogues est de plus en plus diversifié, avec de plus en plus d’intervenants de qualité.

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En tant que chercheur, quelle est la grande idée qui a émergé des différentes interventions au cours de ces trois jours ?

C’est plutôt un sentiment. Il y a de grandes incertitudes, au niveau global, quant aux règles du commerce mondial. Il y a une certaine remise en cause, par les mêmes puissances qui les ont produites, des grands principes fondateurs du droit international et des règles écrites et non écrites de la régulation des relations internationales.

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Cela encourage le Sud à travailler sur lui-même. Et nous réconforte dans notre rôle de think tank, puisqu’il nous donne cette capacité de penser notre avenir, que ce soit pour les défis des politiques publiques internes ou de notre insertion dans le monde.

Cette dynamique de l’Atlantique élargi pourrait-elle un jour aboutir à la création d’un cadre institutionnel, notamment entre les rives africaine et sud-américaine ?

Les Dialogues atlantiques contribuent justement à tisser des relations personnelles entre individus. Après tout, c’est ainsi que tout commence. Cela dit, je pense qu’il y a actuellement l’espace pour des initiatives peut-être plus ambitieuses, plus étatiques.

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Des pays comme le Brésil et l’Argentine, malgré leurs difficultés internes, commencent à revoir leur insertion dans le monde. Ils regardent désormais vers cet Atlantique, vers cette Afrique en face qui reste le dernier gisement de croissance dans le monde. Les ingrédients sont là, les idées font leur chemin, mais évidemment ce genre de choses prennent du temps.

Pourquoi avoir changé le nom de votre think tank ? Le label OCP représentait-il un handicap politique ?

OCP Policy Center, le nom initial, s’inspirait de cette pratique de porter le nom du fondateur, à l’image de la Ford Foundation ou du Peterson Institute, pour ne citer que ces deux-là. Mais dès le départ, OCP n’a pas créé ce think tank pour lui, mais pour la communauté.

Nous avons toujours été plus New South que OCP. Le changement de nom vient juste confirmer ce que nous sommes réellement : un think tank expert, qui travaille selon des règles scientifiques et des faits empiriques, et non un think tank de plaidoyer ou un think tank politique. Cela nous rend plus libre. Et tant mieux si cela met nos interlocuteurs plus à l’aise.

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