Washington, Pékin, Delhi et les autres

Président du groupe Deutsche Bank en France, Jacques-Henri David dresse dans « Le Figaro » un tableau – convaincant – de ce que sera sans doute l’économie mondiale en 2020.

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

A quoi ressemblera l’économie mondiale en 2020 ? Quels seront les rapports de forces entre les États-Unis, les pays européens, la Chine, l’Inde ? Où seront les grands pôles de croissance ? […] Une récente étude du groupe Deutsche Bank analysant les évolutions macroéconomiques des grands continents pour les quinze ans à venir répond à ces questions.
Combinant les théories de croissance et une analyse des évolutions actuelles dans les trente-quatre principaux pays du monde, cette étude appréhende les principaux facteurs de croissance et de progrès aujourd’hui à l’oeuvre. Elle dresse une carte probable de la situation économique du monde en 2020. Les résultats de ces projections sont fascinants. En 2020, les États-Unis resteront la superpuissance mondiale, avec un PNB global d’environ 17 à 18 trillions de dollars.
Grâce à une démographie dynamique (1 % de croissance annuelle de la population), une productivité et une compétitivité parmi les meilleures du monde (actuellement la deuxième mondiale, loin devant l’Allemagne [13e] ou la France [26e], selon les statistiques du World Economic Forum), grâce aussi à un effort soutenu de formation, d’innovation et à la flexibilité comme la mobilité de leur main-d’oeuvre, les États-Unis conserveront une nette avance sur la Chine et sur l’Inde et creusent l’écart avec l’Europe. Avec un PNB/habitant d’environ 55 000 dollars, le revenu de l’Américain moyen serait en 2020 une fois et demie à deux fois supérieur à celui de l’Européen ; cinq fois plus élevé que celui du Chinois et neuf fois supérieur à celui de l’Indien (environ 6 000 dollars/hab).
La Chine sera indiscutablement la deuxième puissance économique mondiale avec un PNB de quelque 14 trillions de dollars, trois fois plus élevé qu’aujourd’hui. Bien sûr, cela suppose qu’au-delà des aléas inévitables à court terme aucune crise sociale majeure ne remette en cause les dynamiques de long terme : ouverture progressive sur l’extérieur, accroissement de la consommation intérieure, forte croissance des investissements notamment étrangers, ou encore amélioration rapide de la qualification de la population active chinoise (on trouve déjà en Chine les mêmes ingénieurs et techniciens qu’en Occident et en plus grand nombre que dans les grands pays européens). La Chine sera en 2020 encore plus qu’aujourd’hui l’atelier industriel du monde. Paradoxalement, l’un de ses handicaps sera le vieillissement de sa population, dû à l’impact décalé de sa One Child Policy. Vers 2020, l’âge médian en Chine sera d’environ 40 ans, plus élevé qu’aux États-Unis.
La troisième puissance économique mondiale sera l’Inde, loin derrière les deux premières, avec un PNB d’environ 7 trillions de dollars. L’Inde devrait être le champion incontesté en termes de croissance en raison de sa démographie, du très bon niveau de qualification de sa main-d’oeuvre, de sa facilité à s’intégrer dans le jeu économique mondial grâce à la maîtrise de l’anglais d’une fraction importante de sa population et grâce aussi à sa maîtrise du développement des technologies de communication, Internet notamment. Si la Chine peut être présentée comme le futur atelier industriel du monde, l’Inde en sera à coup sûr l’une des grandes sociétés de service.
En Europe, l’Allemagne, la France, comme l’Italie et le Royaume-Uni devraient perdre du terrain dans la compétition mondiale avec un PNB par pays de 2 à 2,5 trillions de dollars.
Si les pays européens restent des pays riches en se référant au PNB par habitant (32 500 dollars environ), leur poids relatif décline avec leur démographie, et avec la faiblesse de leur croissance (presque deux fois moins en tendance qu’aux États-Unis). Des pays comme l’Espagne ou l’Irlande connaîtront un développement supérieur à la moyenne européenne, grâce à l’ouverture de leurs économies sur l’extérieur, au dynamisme de leurs investissements, à de bonnes perspectives démographiques et à des politiques d’immigration efficaces. L’Irlande, par exemple, aura en 2020 le second PNB par tête du monde, juste derrière les États-Unis. Le poids accru de ces nouvelles étoiles dans le concert européen ne sera cependant pas suffisant pour compenser le recul des champions historiques qui subiront de plein fouet le poids de charges sociétales lourdes et une démographie déclinante.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires