Shalom Silvan !

C’est finalement le ministre israélien des Affaires étrangères, originaire de Tunisie, et non Ariel Sharon, qui représentera son pays à la deuxième phase du Sommet mondial de la société de l’information, du 16 au 18 novembre, à Tunis.

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 4 minutes.

Contrairement à ce qui avait été annoncé en février dernier par les autorités israéliennes (voir J.A.I. n° 2304), Ariel Sharon ne représentera pas son pays à la deuxième phase du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), qui se tiendra à Tunis, du 16 au 18 novembre. La raison principale qui a amené le Premier ministre israélien à changer d’avis est un « classique » du genre : les Tunisiens n’ont pas accepté que ses nombreux gardes du corps israéliens conservent leurs armes et assurent presque seuls sa sécurité. Les Israéliens, de leur côté, ont refusé que la sécurité de leur Premier ministre soit assurée, pour l’essentiel, par les services tunisiens.
Une délégation israélienne sera néanmoins présente à cette réunion internationale organisée sous les auspices des Nations unies. Elle sera conduite par le ministre des Affaires étrangères Silvan Shalom et comprendra, entre autres responsables, la ministre des Communications, Dalia Itzhik.
« Ariel Sharon a reçu une invitation personnelle du président Ben Ali. Il l’a acceptée dans un premier temps. Mais il a dû malheureusement la décliner, car le désengagement [de Gaza] et tout ce qui s’ est ensuivi exigeaient sa présence en Israël », a déclaré, le 20 septembre, Igor Palmor. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, qui s’exprimait au micro de David Sebban, de radio Kol Israël, a ajouté qu’« on ne peut pas minimiser l’importance de cet événement. Car il n’y a jamais eu, auparavant, une visite d’un ministre israélien des Affaires étrangères en Tunisie, même dans un cadre multilatéral, comme ce sera cette fois le cas. Il n’y a jamais eu, a fortiori, une visite [officielle israélienne en Tunisie] avec un aspect aussi personnel, puisque Silvan Shalon est originaire de Tunisie et qu’il rencontrera sûrement, à cette occasion, la communauté juive dans ce pays. Ce sera un événement émouvant. »
Revenant de Tunis, où il a participé, à la tête d’une délégation de cinq responsables israéliens, à une réunion préparatoire du SMSI au cours de laquelle il a eu « un entretien très intéressant et très professionnel avec le comité d’organisation », Igor Palmor a également annoncé que « le président Ben Ali avait été invité à venir un jour en Israël en hôte personnel de Sharon ». La veille, le 19 septembre, les chefs de la diplomatie israélienne et tunisienne s’étaient rencontrés pendant près d’une heure, au siège des Nations unies, à New York. « Abdelwaheb Abdallah a indiqué que son pays était modéré et ne serait donc certainement pas le dernier État arabe à instaurer des relations diplomatiques avec Israël », a annoncé l’agence israélienne Aroutz 7.
Les relations tuniso-israéliennes ont connu un véritable dégel au lendemain de l’élection du président de la communauté juive de Tunisie, l’homme d’affaires Roger Bismuth, à la Chambre des conseillers, qui a tenu sa première séance le 16 août dernier. « Je suis très ému et fier d’avoir été élu dans cette institution parlementaire, une illustration de la politique d’ouverture et de tolérance qui caractérise la Tunisie », avait alors déclaré ce sexagénaire, qui a fait état de « la grande répercussion » qu’a eue à l’étranger, notamment aux États-Unis et en France, son élection à la seconde Chambre tunisienne. « Les félicitations étaient surtout adressées au président Ben Ali, qui a permis l’élection d’un juif au sein de cette instance », avait-il fait également observer. Parmi les nombreuses lettres de félicitations, l’intéressé aimait à citer celles du président du Comité juif américain, Robert Goodkind, et du président du Congrès juif européen, Pierre Besnainou, qui ont beaucoup loué le geste de la Tunisie.
Autre signe d’une volonté commune de normalisation : une délégation israélienne a participé, du 5 au 9 septembre, aux côtés de quelque 900 délégués scouts venant de 124 pays, à la 37e Conférence mondiale du scoutisme, qui a eu lieu dans la Médina de Yasmine-Hammamet, un complexe touristico-culturel comprenant une mosquée, une synagogue et une cathédrale (à 60 km au sud de Tunis).
Tunis et Tel-Aviv avaient noué des relations diplomatiques minimales avec l’ouverture, en 1996, de bureaux de liaison, l’un à Tunis, l’autre à Tel-Aviv -, la Tunisie ne reconnaissant pas Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. Ce début de normalisation fut cependant interrompu au lendemain de l’arrêt du processus de paix et du déclenchement de la seconde Intifada, en septembre 2000. Tunis avait alors rappelé son diplomate accrédité en Israël et fermé son bureau de liaison. Tel-Aviv ne tarda pas à en faire de même.
Les contacts entre les deux pays n’ont pas cessé pour autant, et les ministres des Affaires étrangères ont continué à se parler en marge des réunions internationales. Mais il a fallu attendre l’invitation adressée par Ben Ali à Sharon pour voir les relations reprendre enfin officiellement. La publication du texte de cette invitation par les journaux israéliens avait suscité, en février dernier, de vives critiques dans les milieux de l’opposition et les cercles intellectuels et estudiantins à Tunis. Depuis, les choses semblent être rentrées dans l’ordre. Aussi continue-t-on, à Tel-Aviv, à citer la Tunisie parmi les dix pays arabes et musulmans avec lesquels l’État hébreu pourrait établir bientôt des relations diplomatiques pleines.

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