Quelle alternative politique ?

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Si l’article 34 de la Loi fondamentale dispose que le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir et organise des élections dans un délai de soixante jours, l’actuel titulaire du poste, Aboubacar Somparé, ne parviendrait que par miracle, le cas échéant, à s’asseoir dans le fauteuil de Lansana Conté. Convaincue que le pouvoir lui revient de droit après deux décennies de règne d’un des siens, l’armée guinéenne va à coup sûr s’immiscer dans le jeu et perturber le schéma républicain. Les officiers supérieurs cachent à peine leurs intentions.
Le pays et la communauté internationale ne pouvant accepter la réédition du règne catastrophique d’un soldat inculte, les pressions ne manqueront pas pour écourter la transition militaire et remettre le pouvoir aux civils.
En cas d’élections transparentes, toutes les hypothèses sont ouvertes. Mamadou Bâ , opposant historique, leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), pourrait, en l’absence de Siradiou Diallo, décédé en mars 2004, bénéficier du vote ethnique peul. Ce qui peut être décisif dans un pays où les Pulaars constituent l’un des groupes les plus importants de la population. Mais ce septuagénaire, ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, devra parvenir à recoller les morceaux après la fissure de l’électorat peul créée par la remise en cause, en 2002, de sa fusion avec le mouvement de Siradiou Diallo. Deuxième à l’élection présidentielle de 1993, troisième en 1998, Alpha Condé est à la tête du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, une formation implantée en Haute-Guinée, en pays malinké). À entendre certains observateurs, son éloignement cyclique du pays ne l’a pas aidé à conserver sa base politique. Va-t-il être à niveau dans les batailles à venir ? Ne sera-t-il pas concurrencé dans son fief par François Lonsény Fall, l’ex-Premier ministre qui s’est engagé dans l’opposition en mars 2005 par le lancement d’une « Plate-forme pour le renouveau national » ? De mère malinkée originaire de Kankan, réputé compétent, jouissant d’une réelle crédibilité renforcée par sa démission de la primature en avril 2004, Fall est sans nul doute un homme avec lequel il faudra compter dans les batailles électorales à venir.
Un autre ancien Premier ministre de Conté est dans la course. Gestionnaire expérimenté, ayant fait ses preuves au cours de son passage à la tête du gouvernement entre 1996 et 1999, Sidya Touré, 59 ans, est adulé par les jeunes et les cadres de toutes les régions. Issu du groupe minoritaire des Diakhankés, ne risque-t-il pas toutefois d’être pénalisé par un vote ethnique mécanique ? C’est sans doute pour éviter cet écueil que Touré travaille à centrer le débat électoral sur la valeur intrinsèque des candidats, étant reconnu par ses compatriotes comme ayant une réelle expertise dans la conduite des affaires de l’État.

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