Législatives au Togo : craintes de violences à la veille d’un scrutin boycotté par une partie de l’opposition

Les Togolais se rendent aux urnes, jeudi, pour des élections législatives boycottées par la principale coalition de l’opposition, après plus d’un an de crise politique et des dizaines de manifestations pour demander le départ du président Faure Gnassingbé.

Lors d’une séance de dépouillement des votes, à Lomé, au Togo, en 2015 (photo d’illustration). © Erick Kaglan/AP/SIPA

Lors d’une séance de dépouillement des votes, à Lomé, au Togo, en 2015 (photo d’illustration). © Erick Kaglan/AP/SIPA

Publié le 18 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Alors que les Togolais sont appelés aux urnes pour élire leurs députés, le 20 décembre, la coalition de 14 partis politiques d’opposition dénonce des « irrégularités » dans le processus d’organisation et réclame davantage de transparence et des réformes constitutionnelles pour permettre la limitation du mandat présidentiel.

Montée des tensions

En amont du scrutin, l’opposition a appelé à manifester pendant une dizaine de jours pour exiger l’arrêt du processus électoral et appelé au boycott des élections. Dans des vagues de violences sporadiques, au moins quatre personnes ont été tuées – six selon l’opposition – les 8 et 10 décembre lors de manifestations à Lomé et dans le centre du pays.

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« Nous disons toujours non à ces élections. Nous ferons ce qu’il faut pour qu’elles n’aient pas lieu », a martelé en début de semaine Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la coalition.

Face à la montée des tensions, tous les groupes religieux du Togo ont appelé au report de ces élections, mais le parti au pouvoir, Union pour la République (Unir), reste inflexible : les législatives, qu’il est désormais sûr de remporter, auront bien lieu.

Principal enjeu pour l’Unir : rafler les 4/5 des sièges (73 députés sur 91 contre 62 actuellement), ce qui lui permettrait d’opérer seul les réformes au Parlement. Il pourrait ainsi passer le vote de réforme constitutionnelle permettant au président Gnassingbé de se représenter en 2020 et 2025.

La médiation de la Cedeao critiquée

Le scrutin intervient après des mois de négociations ratées sous l’égide des présidents ghanéen et guinéen, médiateurs pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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La Cedeao avait encouragé la tenue des législatives avant la fin de l’année : une solution précipitée, selon l’opposition qui affirme que le recensement a été bâclé et estime ne pas avoir assez de représentants à la Commission électorale.

« La Cedeao a fait une erreur d’appréciation de la situation socio-politique au Togo, en prescrivant des élections à la place des réformes », confie Me Raphaël Kpandé-Adzaré, un porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), qui représente la société civile. « La Cedeao est responsable des victimes enregistrées ces derniers jours par sa légèreté et sa complaisance », a-t-il accusé.

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Malgré l’absence des partis de la coalition de l’opposition, le scrutin verra la participation de 850 candidats issus de 130 listes de 12 partis politiques ou indépendantes. Parmi ces partis figurent l’Unir, le Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) de l’ancien Premier ministre et opposant Agbéyomé Kodjo, ainsi que l’Union des forces de changement (UFC) de l’ex-opposant historique Gilchrist Olympio.

Mise en garde contre les violences

Les autres formations d’opposition engagées dans ces législatives, qui ne sont pas membres de la coalition des 14, disent vouloir se battre pour barrer la route au parti au pouvoir à l’Assemblée.

« Pour notre parti, l’enjeu majeur est d’avoir une plus grande présence au parlement, afin d’être une véritable force de proposition pour satisfaire les énormes demandes sociales des populations et le besoin irrépressible de rénovation de la vie politique, notamment la limitation du mandat présidentiel », a déclaré Isaac Tchiakpè, porte-parole de l’UFC.

Environ 8 000 gendarmes et policiers sont déployés à travers le pays et lundi soir, le ministre de la sécurité, le général Yark Damehame, a mis en garde contre d’éventuelles violences. « Quand on décide de boycotter un scrutin, on reste chez soi. On ne sort pas pour casser les urnes ou empêcher le autres citoyens d’exprimer leur vote », a averti le général à la télévision nationale.

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