Programme antiâge

Éviter que la vieillesse ne soit un naufrage ? Mais cela ne tient qu’à nous ! Mode d’emploi.

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 5 minutes.

Le tabagisme, une nourriture trop grasse et trop abondante, la sédentarité, l’abus d’alcool : il est désormais admis que ces facteurs de risque aggravent un processus inéluctable, le vieillissement. Inéluctable, et pourtant négociable. Ainsi, en France, l’espérance de vie à la naissance a presque doublé d’un siècle à l’autre. Elle est aujourd’hui de plus de 82 ans pour les femmes, de plus de 75 ans pour les hommes, tout près des records des Japonais. En France encore, on compte actuellement plus de 6 000 centenaires. Ils étaient 200 en 1950. Ils seront 150 000 en 2050. Nombreuses sont les personnes âgées qui « vivent encore jeune ».
À l’intention de ces « jeunes vieux » et de tous ceux qui veulent éviter que leur vieillesse ne soit un naufrage – en France et là où les conditions générales le permettent, ce qui, hélas ! n’est pas toujours le cas -, le docteur Soly Bensabat propose un « programme antiâge » : Comment atteindre 100 ans… sans le regretter ! C’est un spécialiste. Élève de Hans Selyé, le père du « stress », il dirige depuis une vingtaine d’années le Centre François-1er, l’un des grands centres parisiens de prévention et de check-up, qu’il a créé. Il ne s’agit pas, dit-il, de devenir un surhomme indestructible, mais d’obtenir un gain d’énergie physique, psychique et sexuelle, de décrocher « un bonus de bonne vie ». Or cela ne tient qu’à nous.
Première question : qu’est-ce que le vieillissement ? Il est, bien sûr, déterminé par l’hérédité, mais en partie seulement : elle n’intervient qu’à 30 % dans la différence de longévité. La sénescence est plus sensible à l’équilibre hormonal et aux facteurs d’environnement. L’ennemi, ce sont les radicaux libres, ces « déchets de la combustion des aliments et de la production d’énergie, provenant de l’oxygène utilisé par cette combustion ». Ils sont créés par le simple fait de respirer, de s’alimenter, bref, par les fonctions vitales de l’organisme. Les cellules sont bien dotées d’un système de défense et de nettoyage, mais avec l’âge il devient moins performant. Elles sont constamment « bombardées » par les radicaux libres, qui provoquent « un processus d’oxydation et de corrosion – le stress oxydatif – à l’origine du déclin dégénératif – et de nombreuses maladies : neurovégétatives, cardio-vasculaires, immunitaires, articulaires, inflammatoires, etc. » Les cellules « se rouillent » au contact des radicaux libres comme les métaux au contact de l’oxygène de l’air.
Comment se protéger contre les dégradations dues aux radicaux libres ?
D’abord, il faut savoir où l’on en est. Bensabat propose le test suivant en dix points, à la portée de toutes les bonnes volontés :
« Êtes-vous sujet au vieillissement prématuré ou au mauvais vieillissement ?
1. Oui, si vous avez un surpoids important ou si vous êtes obèse.
– Calculez votre indice IMC de masse grasse.
L’excès de dépôt de graisse induit une insulino-résistance qui est un facteur important de vieillissement et de maladie. L’indice de masse corporelle (IMC) se calcule avec cette formule :
IMC = poids en kilos divisé par taille au carré.
Surpoids si IMC supérieur à 25. Obésité si IMC supérieur à 30.
– Mesurez votre tour de taille. Il y a obésité abdominale si le tour de taille est supérieur à 102 cm chez l’homme et à 88 cm chez la femme. (Cela laisse une bonne marge de manoeuvre !)
2. Oui, si vous êtes fumeur.
Une personne qui fume régulièrement un paquet de cigarettes par jour a une espérance de vie diminuée de dix-huit ans.
3. Oui, si vous mangez trop.
Au-delà de la ration calorique nécessaire, soit près de 2 000 calories pour un sédentaire. Il n’y a pas de centenaire obèse ou bedonnant.
4. Oui, si vous mangez trop de « sucre » à chaque repas.
C’est-à-dire trop d’hydrates de carbone et de mauvais sucres rapidement absorbés : tout ce qui est fait avec de la farine blanche, pommes de terre, riz blanc, fruits trop sucrés, desserts sucrés, confiseries…
5. Oui, si vous mangez trop de graisse à chaque repas.
Et surtout de mauvaises graisses saturées : elles apportent beaucoup de cholestérol et induisent une résistance à l’insuline : viandes rouges, abats, charcuterie, jaune d’oeuf, beurre, laitage gras.
6. Oui, si votre repas n’est pas équilibré.
Il faut une bonne proportion de sucres lents (légumes verts, produits à base de farine complète, féculents dont lentilles et haricots blancs, fruits peu sucrés…), de bonnes protéines (poisson et viande blanche), de bonnes graisses polysaturées d’origine animale (poisson gras) ou végétale (huile de colza, avocats…).
(Bensabat donne par ailleurs sur cinq pages un tableau détaillé des « aliments qui ralentissent le vieillissement ».)
7. Oui, si vous êtes stressé.
C’est-à-dire si vous subissez trop de situations contraires, si vous êtes toujours insatisfait, dominé ou en décalage avec la réalité des événements et si vous allez au-delà de vos limites physiologiques.
8. Oui, si vous pratiquez un sport de façon intensive.
Tennis violent, jogging intensif, marathon, squash, etc.
(Bensabat précise par ailleurs que « l’activité physique régulière est capitale » et que les sports bénéfiques pour le coeur sont « la marche à rythme soutenu ; la natation douce et soutenue ; la bicyclette à un rythme soutenu et modéré ; la bicyclette d’appartement avec contrôle du rythme cardiaque ; ou le rameur à rythme modéré sans essoufflement ».)
9. Oui, si vous vous exposez de façon abusive au soleil.
Surtout sans une bonne protection.
10. Oui, si vous êtes déficitaire en antioxydants protecteurs contre le stress oxydant.
Les antioxydants sont principalement la vitamine E, la vitamine C, la vitamine A, le bêta-carotène (qu’on trouve dans la carotte, la papaye, les épinards, etc.), les caroténoïdes (pigments rouges, jaunes et oranges de certains fruits et légumes…), le zinc, le sélénium, etc.
Ceux qui s’inquiéteraient des résultats de ce test de bon sens et voudraient faire un « traitement antiâge » doivent commencer par un « état des lieux ». C’est, dit Bensabat, « un passage obligé, un préalable médical et scientifique qui autorise une connaissance fine de l’organisme sur lequel des ajustements, des traitements et des modifications comportementales personnalisées seront conseillés afin d’assurer une dynamique de santé, de vitalité et d’épanouissement ».
Un tel état des lieux sera extrêmement précis, du bilan du degré d’usure au bilan biologique (intensité de l’oxydation, mesure du déficit hormonal…) et au bilan clinique (évaluation de la baisse de l’énergie, du vieillissement osseux, du vieillissement cérébral et cognitif…). Lorsqu’il a été dressé, on se fixe des objectifs à atteindre, de l’équilibre de l’alimentation à la correction du déficit en oligoéléments et à la gestion du stress, en gardant bien en tête qu’« un grand nombre de cancers et la plupart des pathologies cardio-vasculaires qui représentent les principales causes de mortalité sont aujourd’hui largement accessibles au dépistage précoce et à la prévention ».
« Il revient à tout un chacun de décider pour lui-même et d’opter de préférence pour la voie du mieux-être et du bien-vieillir », conclut le Dr Bensabat.
C’est plus qu’une coïncidence : peu avant la parution de l’ouvrage de Bensabat, Liliane Delwasse et Frédéric Delpech recueillaient dans Passionnément vieux les témoignages de personnalités connues et moins connues qui montrent que « bien vieillir » est tout à fait possible : les exemples vont de l’helléniste Jacqueline de Romilly, 91 ans, au photographe Willy Ronis, 94 ans, à l’écrivain Henri Troyat, 93 ans, au gastronome Gaston Lenôtre, 84 ans, à Henri Salvador, bien sûr, 87 ans, au sénateur Paulette Brisepierre, 87 ans elle aussi, au tout jeune danseur Maurice Béjart, 78 ans… « Le seul vrai secret, disent les auteurs, c’est l’appétit de vivre. »

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