Maroc : le ralentissement des crédits inquiète le gouverneur de la banque centrale

Le ralentissement du rythme de distribution des crédits inquiète la Bank Al-Maghrib, la banque centrale marocaine, qui espère trouver une solution.

Des dirhams marocains. © Alexandre Dupeyron pour JA

Des dirhams marocains. © Alexandre Dupeyron pour JA

Publié le 19 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

S’il y a bien un sujet qui revient à chaque conseil de la Bank Al-Maghrib (BAM), depuis quelques mois, voire même plusieurs années, c’est bien le tassement du rythme de la distribution des crédits. Cette décélération, relevée en 2016, se poursuit en cette fin d’année. Une donne qui semble inquiéter Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la banque centrale, qui en a d’ailleurs fait part lors de sa dernière sortie médiatique, le 18 décembre.

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Une lente évolution des crédits

Les statistiques monétaires publiées par BAM révèlent qu’à la fin octobre, les banques ont globalement distribué 844,3 milliards de dirhams de crédits (environ 77,2 milliards d’euros), soit une lente évolution de 1,5% par rapport à la même période l’année dernière. Un niveau très bas au regard des années précédentes, où des taux de progression dépassant les 5% sur une année glissante avaient été enregistrés.

« Le crédit bancaire au secteur non financier a vu son rythme de progression ralentir à 2,2% à la fin octobre, avec une nette décélération des prêts aux entreprises aussi bien privées que publiques », a-t-il indiqué en lisant les détails du dernier rapport monétaire de l’institution.

Ces chiffres sont en déphasage avec les ambitions et les prévisions de la banque centrale marocaine. Au mois de septembre dernier, l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri avait espéré finir l’année sur une bonne note, avec une hausse de 4%. Elle souhaite désormais être sur le pas de la relance, à partir de l’année prochaine, pour enregistrer une progression de 3,3% en 2019 et pourquoi pas atteindre 4,3% fin décembre 2020.

Une baisse de la demande ?

« Quand nous posons la question aux banques, elles nous expliquent qu’il y a une baisse de la demande », a précisé Abdellatif Jouahri. Un recul qui peut s’expliquer par un manque de visibilité auprès des entreprises, par l’attentisme ou encore par un climat des affaires peu favorable et qui n’encourage pas l’investissement. Bank Al-Maghrib refuse, par ailleurs, d’effectuer des enquêtes pour connaître les raisons de cette baisse de la demande. Selon le gouverneur, les résultats ont de fortes chances d’être tronqués et peuvent mener à faire des conclusions en décalage avec la réalité.

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Certains secteurs peinent pourtant à faire financer leurs projets, à l’image du tourisme ou encore quelques segments de l’immobilier. Les banquiers interrogés par Jeune Afrique expliquent que ces secteurs ont été, durant les dernières années, de très mauvais payeurs. Le grand nombre de créances en souffrance cumulées expliquerait donc la réticence des banques vis-à-vis des entreprises issues de ces secteurs sensibles.

La banque centrale et son gouverneur tentent de trouver des solutions afin de permettre la relance. Les rencontres entre Abdellatif Jouahri, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) se multiplient depuis fin 2016, mais sans aucune solution notable. « Une nouvelle réunion est à l’ordre du jour, elle est en cours de préparation. Nous allons mettre tous les dossiers sur la table », a promis Abdellatif Jouahri.

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