Présidentielle à Madagascar : début du dépouillement après une journée de vote dans le calme
Le dépouillement a commencé à Madagascar après une journée de vote qui s’est déroulée dans le calme. Le résultat s’annonce serré entre les deux candidats en lice, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.
Au terme d’une journée de scrutin qui s’est déroulée sans incident notable, mercredi 19 décembre, les opérations de dépouillement ont débuté. Dans les dix bureaux de vote du lycée JJ Rabearivelo, dans le centre de la capitale Antananarivo, le comptage de chacune des voix des candidats numéros 25 et 13, a été salué par les cris de joie de leurs partisans.
Sans surprise, Marc Ravalomanana est arrivé largement en tête dans ce quartier, un de ses fiefs. « Je suis sûre maintenant que mon candidat sera élu président », s’est réjouie avant l’heure Bertine Razafinirina, un femme au foyer de 50 ans. « J’ai besoin d’un candidat qui connaît le monde rural, pas d’un président frimeur ».
« Ailleurs dans les provinces, c’est Andry Rajoelina qui arrive en tête », lui a rétorqué un de ses soutiens, Roberto Raliarimanana, un instituteur de 35 ans. « Je vois déjà un avenir radieux pour Madagascar ». Selon la plupart des analystes, le résultat s’annonce serré.
Au premier tour, Andry Rajoelina, un ex-publicitaire et disc-jockey de 44 ans, est arrivé en tête avec 39,23% des voix. Marc Ravalomanana, 69 ans, qui a fait fortune à la tête d’un groupe laitier, le talonnait avec 35,35%.
Rancunes
Les deux finalistes ont voté dès le matin à Antananarivo. « Je suis confiant, je pense que le peuple malgache tranchera une bonne fois pour toutes celui qui dirigera le pays », a déclaré Andry Rajoelina. « Avec la participation de tout le peuple malgache, j’espère que l’on va changer Madagascar », a lancé en retour Marc Ravalomanana.
Lors des dernières semaines de campagne, tous les deux ont laissé libre cours à leur rancunes personnelles, nées de la crise de 2009. Elu président en 2002, Marc Ravalomanana a été contraint à la démission sept ans plus tard par une vague de violentes manifestations ourdies par Andry Rajoelina. Maire de la capitale, ce dernier avait alors été installé par l’armée à la tête d’une présidence non-élue. Ils avaient été privés de revanche en 2013, interdits de candidature à la faveur d’un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale.
Pour rallier les indécis et les abstentionnistes, les deux hommes n’ont pas lésiné sur leurs moyens, apparemment illimités, ni sur les accusations. Lors de leur second débat télévisé, dimanche dernier, Marc Ravalomanana a reproché à son rival de préparer la fraude, faisant état de la circulation de « fausses cartes d’identité et de fausses cartes d’électeurs ».
Il a assuré mercredi qu’il n’accepterait « jamais » les résultats « s’il y a de la fraude ». Sitôt les bureaux de vote fermés, le camp de Andry Rajoelina a riposté en dénonçant les « nombreuses manipulations, actes de corruption et tentatives de détournement des voix de la part des partisans du candidat 25 [Marc Ravalomanana] ».
Craintes de tensions post-électorales
Pour nombre d’observateurs, ces échanges laissent présager de très vives tensions dès l’annonce des premiers résultats significatifs, annoncés par la Commission électorale (Ceni) après Noël. « Les résultats pourraient être très serrés et, dans ce contexte, même des irrégularités très minimes pourraient amener l’un ou l’autre candidat à les contester », a pronostiqué Marcus Schneider, analyste à la fondation allemande Friedrich Ebert.
Comme l’a souligné l’ancien ministre de l’Éducation et candidat malheureux au premier tour, l’universitaire Paul Rabary, la défaite leur est interdite. « Pour Marc Ravalomanana, c’est une question de vie ou de mort. Son groupe ne peut pas survivre s’il ne reprend pas le pouvoir », a-t-il résumé. « Quant à Andry Rajoelina, son histoire personnelle est salie par le coup d’État. Il doit gagner pour laver son honneur ».
Le Premier ministre en exercice, Christian Ntsay a appelé les deux candidats à la raison. « Je suis sûr qu’ils sauront calmer leurs partisans (…), le pays ne mérite pas d’autres troubles », a-t-il estimé.
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