[Tribune] Le G5 Sahel pourrait (enfin) tenir ses promesses

Des financements mobilisables et mieux répartis, des projets réalistes et hiérarchisés… Le G5 Sahel pourrait cette fois tenir ses engagements, et ce avant 2021.

Les présidents Roch Marc Christian Kaboré, Mohamed Ould Abdel Aziz, Emmanuel Macron, Ibrahim Boubacar Keïta, Idriss Déby Itno et Mahamadou Issoufou lors de l’inauguration du G5 Sahel à Bamako, le 2 juillet 2017. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Les présidents Roch Marc Christian Kaboré, Mohamed Ould Abdel Aziz, Emmanuel Macron, Ibrahim Boubacar Keïta, Idriss Déby Itno et Mahamadou Issoufou lors de l’inauguration du G5 Sahel à Bamako, le 2 juillet 2017. © Baba Ahmed/AP/SIPA

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Publié le 8 janvier 2019 Lecture : 3 minutes.

Quartier général de la force conjointe G5 Sahel basée à Sévaré, en octobre 2017. © Flickr / MINUSMA/Harandane Dicko
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Quel avenir pour le G5 Sahel ?

C’est la question à laquelle ont dû répondre les chefs d’État de la Cedeao, qui se sont rencontré pour un sommet extraordinaire à Ouagadougou consacré à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, samedi 14 septembre.

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Le 6 décembre, à Nouakchott, en Mauritanie, les bailleurs de fonds et partenaires ont promis d’apporter une aide de 2,4 milliards d’euros pour le développement au G5 Sahel, qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, confrontés à la pauvreté et au terrorisme. Nombreux sont les sceptiques qui pensent que ces promesses de financement ne seront pas plus tenues que celles des 420 millions annoncés pour financer la force militaire conjointe.

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Mais il se pourrait que, cette fois, les engagements puissent être tenus, et ce avant 2021, horizon fixé pour la première phase du Programme d’investissements prioritaires (PIP) du G5 Sahel. Il existe en effet plusieurs raisons d’être optimiste.

1 – Cette première phase semble plus réaliste que l’empilement des programmes avancés dans un premier temps, dont l’addition avoisinait les 15 milliards d’euros. Là, 2,4 milliards d’euros seront répartis entre 40 projets. Parmi eux, la construction du chemin de fer entre Nouakchott et N’Djamena et la création d’une compagnie aérienne commune aux pays du G5 Sahel, très symboliques mais à risque, ne sont financés que pour leur étude de faisabilité.

Une partie de l’argent est déjà là

2 – La mobilisation des financements devrait être facile. Une partie de l’argent est déjà là. Sur les quelque 9 milliards d’euros constituant les projets portés en décembre 2018 par l’Alliance Sahel et ses douze membres (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Royaume-Uni, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Union européenne, BAD, Banque mondiale et Pnud), 6 milliards sont d’ores et déjà disponibles. Les gros contributeurs que sont la Banque mondiale, l’UE et la BAD sont rassurés par la détermination de leurs partenaires au sein de cette alliance. Ils ne devraient pas rechigner à débloquer les fonds nécessaires. Et puis, pour une fois, les pays du G5 Sahel ont décidé d’apporter leur contribution à hauteur de 13 % du Programme d’investissements prioritaires (PIP).

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3 – L’Alliance Sahel va coordonner les apports de ses douze membres. Chacun choisira les projets qu’il compte soutenir, mais s’entendra avec ses partenaires pour optimiser l’investissement. Par exemple, dans le cadre d’un Programme de développement d’urgence (PDU) souhaité par les chefs d’État du G5 dans la région mauritanienne des Hodh, l’Allemagne et la France travailleront ensemble sur l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, tandis que l’UE tentera de renforcer la résilience des populations concernées. Et dans la région de Liptako-Gourma, à cheval sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger, l’Allemagne et le Danemark s’associeront pour prévenir les conflits entre pasteurs et cultivateurs.

Les projets sont souvent de petite taille, donc vite réalisables

4 – Les 40 projets retenus semblent bien hiérarchisés. Évitant les saupoudrages, ils ciblent les zones frontalières où les troubles ou les risques de trouble sont réels : les Hodh mauritaniens, le centre du Mali, le nord du Burkina Faso, les régions de Tillabéri et de Tahoua, au Niger, le lac Tchad et le Kanem.

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Les projets sont souvent de petite taille, donc vite réalisables. Même les infrastructures dotées de l’enveloppe la plus importante (1,2 milliard d’euros) ne cèdent pas au gigantisme. Il s’agira de bitumage de routes, de construction de pont ou d’aérodrome, d’électrification rurale ou de couverture GSM et internet des zones qui en sont privées.

Leurs effets devraient être rapides, car les dossiers sont bouclés et ciblent le quotidien des populations, souvent avec le concours d’ONG locales. Ils visent, entre autres, à soutenir la justice et l’État de droit (43 millions d’euros), l’autonomisation des jeunes dans les zones affectées par les conflits et la migration (12 millions), et à renforcer la résilience des jeunes et des petits exploitants agricoles grâce à une agriculture climato-intelligente (23 millions). Un comité de suivi est d’ailleurs chargé de s’assurer de la bonne marche du programme, car de la rapidité de son exécution dépend un regain d’espérance dans ces contrées arides et isolées.

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