Liberté, égalité… sursis

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Un titre de séjour en France valable un an. C’est ce qu’a accordé, « à titre exceptionnel et humanitaire », le 20 septembre, la préfecture de Seine-Saint-Denis (région parisienne) à Guy Effeye. Ce Camerounais de 19 ans, élève au lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine, devait être expulsé vers son pays d’origine deux jours auparavant.

La mobilisation des associations de défense conjuguée à celle des élèves et des professeurs de son lycée lui a permis d’échapper à son embarquement manu militari, le 18 septembre, sur un vol de la Camair à destination de Douala, et d’obtenir gain de cause… du moins provisoirement.
Résidant en France depuis cinq ans, le jeune homme – qui se présente comme orphelin de père et de mère – a quitté le Cameroun à l’âge de 14 ans, ne laissant derrière lui ni famille ni amis. Placé dans un premier temps sous la tutelle de son oncle, il poursuit une scolarité normale au collège, puis au lycée. Sa situation se complique au cours de l’année 2004-2005 : Guy Effeye, alors en classe de terminale, prépare tant bien que mal le baccalauréat. Ne bénéficiant d’aucun soutien familial ou financier, il vit de petits boulots effectués parallèlement à ses études.

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En avril 2005, il est sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, mais, grâce au soutien de ses professeurs et du collectif Réseau éducation sans frontières (RESF), Guy obtient une autorisation de séjour valable jusqu’à la fin du mois de juillet afin de pouvoir passer son bac. Mais, du fait de la précarité de sa situation, il ne se présente pas à l’examen de fin d’année. Arrêté lors d’un contrôle d’identité effectué sur le marché où il travaillait le 17 août dernier, le désormais « sans-papiers » est mis en garde à vue puis placé en rétention, le 19 août, près de Roissy. Il y restera vingt-huit jours.
Depuis, les mouvements de grève des professeurs et des élèves du lycée Jacques-Feyder, ainsi que la mobilisation des associations – SOS racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), la Ligue des droits de l’homme notamment – se sont intensifiés.

L’affaire suscite un important mouvement de solidarité. Le 20 septembre, c’est sous les applaudissements de 400 lycéens venus l’accueillir à la sortie du palais de justice de Bobigny – où on lui a annoncé la délivrance de son titre de séjour – que Guy a, pour la première fois, pris dans ses bras son bébé âgé de 1 mois. Sa compagne Stéphanie (17 ans), Camerounaise sans papiers elle aussi, et avec qui il vit maritalement depuis deux ans, avait donné naissance à leur enfant pendant sa détention.
Mais personne n’est dupe de l’issue relativement heureuse de cette affaire dans un contexte de durcissement des lois sur l’immigration et le séjour des étrangers. Tout juste pouvons-nous parler de sursis puisque Guy est appelé à regagner le Cameroun quand il aura passé le bac en juin prochain. De leur côté, une quinzaine d’associations et de partis politiques ont appelé à manifester, le 24 septembre, contre la remise en cause du droit du sol. Pour les autres sans-papiers, le combat continue.

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