L’exception qui confirme la règle

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Selon la Banque mondiale, la moitié environ des êtres humains vivent avec moins de 2 dollars par jour. De son côté, l’Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’un tiers de la force de travail disponible dans le monde est sous-employée – voire carrément inemployée. Et que la moitié de la population mondiale ne bénéficie d’aucune sécurité sociale. Quant à Freedom House, une organisation spécialisée dans l’analyse des systèmes politiques, elle considère que 103 pays sur 192 ne sont « pas libres » ou ne le sont que partiellement, ce qui signifie que les libertés civiques et les droits politiques élémentaires des citoyens y sont soit limités, soit sévèrement réduits. Ces 103 pays comptent, au total, 3,6 milliards d’habitants. Soit 56 % de la population mondiale.
Statistiquement parlant, un être humain « normal » dans le monde d’aujourd’hui est donc pauvre. Il est en outre physiquement, socialement et politiquement opprimé. Et le gouvernement de son pays est insensible à la misère du peuple et/ou corrompu. Mais la normalité est davantage qu’une notion statistique. Le fait d’être « normal » suggère quelque chose d’« habituel », de « caractéristique », d’« attendu ». Il va donc au-delà de la simple conformité avec le modèle statistiquement le plus fréquent et inclut la conception que les autres s’en font. Or, de ce point de vue, il va de soi que les aspirations d’une toute petite minorité ne peuvent recouper la réalité vécue par la grande majorité. Il y a par exemple une énorme différence entre l’idée que le citoyen-type d’une démocratie occidentale – ou, ailleurs, un membre de l’élite la plus fortunée – se fait de ce qu’est ou de ce que devrait être la normalité et les réalités auxquelles l’écrasante majorité des gens sont quotidiennement confrontés.
Nous ne doutons pas une seconde qu’il soit normal de prendre au moins trois repas par jour, de marcher dans les rues sans avoir peur et d’avoir accès à l’eau, à l’électricité, au téléphone et aux transports publics. Ce n’est malheureusement pas le cas. Aujourd’hui, 852 millions de personnes à travers le monde (parmi lesquelles de nombreux enfants et personnes âgées) n’ont pas la possibilité de prendre trois repas par jour. Et quand ils y parviennent, ces repas ne leur fournissent pas la ration calorique quotidienne dont une personne normale a besoin. Plus de 1,6 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité et 2,4 milliards utilisent, pour cuisiner ou se chauffer, des combustibles traditionnels comme le bois ou les excréments animaux ; 30 % des habitants de la planète ne se sont jamais servis d’un téléphone. La criminalité de rue et la violence urbaine sont la norme dans la majorité des pays. Le taux d’homicide par habitant est d’environ 25 pour 100 000 en Amérique latine et dans les Caraïbes, de plus de 18 pour 100 000 en Afrique subsaharienne et de seulement 3 pour 100 000 dans les pays de l’Union européenne. On estime que 246 millions d’enfants à travers le monde – soit environ un sur six – sont contraints de travailler ; 73 millions d’entre eux ont moins de 10 ans. Alors que, dans les pays à hauts revenus, une naissance passe pour un heureux événement, elle implique, partout ailleurs, un risque de mort, de maladie ou d’infirmité. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un peu plus d’un demi-million de femmes meurent en couches chaque année dans le monde en développement. Le risque de mortalité maternelle y est de 1 pour 61. Dans les pays riches, il ne dépasse pas 1 pour 2 800.

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