Présidentielle à Madagascar : « Le jour de la bataille finale, l’atmosphère était pacifique »

Dans une atmosphère calme, et avec une participation en forte baisse par rapport au premier tour, les électeurs malgaches ont voté pour élire leur prochain président. Le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne revient pour Jeune Afrique sur le déroulement du scrutin.

Une file d’attente dans un bureau de vote d’Antananarivo, lors du second tour de la présidentielle du 19 décembre 2018. © REUTERS/Malin Palm

Une file d’attente dans un bureau de vote d’Antananarivo, lors du second tour de la présidentielle du 19 décembre 2018. © REUTERS/Malin Palm

Publié le 19 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Le vote tant attendu s’est finalement déroulé dans le calme, avec une participation décevante. À 17 heures, elle était de 43,67% dans toute l’île, selon un chiffre encore provisoire de la Ceni. 10 points de moins qu’au premier tour. Les Malgaches devaient départager les deux anciens présidents Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana dans la course pour la conquête du Palais Iavoloha. Les résultats provisoires sont attendus pour le 1er janvier, et les résultats définitifs pour le 9, même si les premières tendances, très partielles, devraient tomber dans la soirée ce mercredi.

Le scrutin s’est déroulé sous le regard attentif de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, qui dispose de près de 100 observateurs. Le chef de mission, Cristian Preda, parcourait aujourd’hui la capitale après plusieurs jours à Tuléar, dans le Sud-Ouest de la Grande Île. Alors que la plupart des bureaux de vote ont fermé et que les opérations de dépouillement ont démarré, il revient pour Jeune Afrique sur le déroulement des opérations de vote.

Nos observateurs n’ont aucun élément qui indique des fraudes massives

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Jeune Afrique : Quel est votre sentiment sur la journée électorale qui s’achève ?

Cristian Preda : C’était le jour de la bataille finale, et nous avons constaté une atmosphère pacifique. Nous n’avons observé que quelques incidents et drames isolés. Il y a eu la mort de deux membres de bureaux de vote, tués par des bandits dans le Sud, mais ce n’est pas lié au scrutin.

À différents moments – y compris aujourd’hui -, d’un côté comme de l’autre et de manière publique ou discrète, on a entendu des allégations de fraudes basées sur l’achat de cartes électorales non distribuées au premier tour ou sur la fabrication de fausses cartes d’identité. Nos observateurs n’ont aucun élément qui indique des fraudes massives. De plus, la participation, qui a été moindre qu’au premier tour, vient infirmer l’hypothèse d’électeurs fantômes.

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Comment expliquez vous cette participation en baisse ?

Je poserais deux hypothèses. D’abord, les supporters des 34 candidats éliminés au premier tour ne se sont sans doute pas mobilisés. L’absence de consigne de vote des candidats arrivés en troisième et quatrième position, le président sortant « Hery » et le pasteur Mailhol, a dû avoir de l’impact.

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Ensuite, la mobilisation basée sur des petites aides financières aux militants, qui a peut-être fonctionné au premier tour, n’a plus été efficace au second, ou alors uniquement de façon marginale. Nous avons aussi remarqué une baisse des moyens dans les deux camps.

Cependant, à Tuléar, les équipes des deux candidats et le préfet m’ont encore donné le prix d’une venue aux meetings de l’entre-deux-tours : entre 5000 et 20 000 ariary (1,25€ et 5€). Bien sûr, aucun camp n’a reconnu cette pratique… Mais ils connaissaient les prix. C’est le paradoxe malgache.

Ce qui est important, ce sont les gestes de responsabilité. Nous leur demandons de poursuivre ainsi

Vous sentez-vous rassuré sur la suite des événements ?

J’ai parlé avec des représentants des deux équipes à Tuléar. Chacun a dit : « Oui, on va accepter le résultat, c’est la démocratie ». J’ai senti de la sincérité. Leurs propos confirment ce que nos observateurs et moi-même avons entendu tout au long de cette campagne, partout dans le pays. Les gens veulent un déroulement pacifique. Et quand on leur demandait s’ils étaient prêts à descendre dans la rue, la réponse étaient toujours : « Non, nous avons des institutions ».

Je crois que les candidats eux-mêmes ont entendu ce message. On craignait des débordements au premier tour. Cela ne s’est pas produit. Je ne vais pas commenter leurs stratégies électorales, ou leurs déclarations. Chacun exagère un peu. Ce qui est important, ce sont les gestes de responsabilité. Nous leur demandons de poursuivre ainsi, d’attendre et de respecter les résultats qui seront proclamés par les institutions dont c’est le rôle.

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