Jakarta, un monde à part

Publié le 26 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Quatre-vingt-sept armes, sur un total de huit cent quarante, ont été remises, le 15 septembre, aux autorités indonésiennes par les rebelles du « Gam », les séparatistes du mouvement « Aceh libre », en application de l’accord de paix conclu le 15 août à Helsinki. Cependant, le syndrome des attentats de Bali (2002) et de Jakarta (2004) est toujours présent dans les esprits : voitures fouillées, nombreux barrages, policiers aux aguets, rien n’est laissé au hasard dans la grouillante Jakarta. Le soleil de plomb ne fait qu’ajouter à l’énervement des soldats. Mais la vie est douce et la sécurité des étrangers semble assurée.
Située au nord de l’île de Java, la capitale indonésienne, forte de ses 12 millions d’habitants, ressemble à une ruche. D’où la crainte du président Susilo Bambang Yudhoyono de voir la Jemaah Islamiah, la branche présumée d’al-Qaïda, perpétrer de nouveaux attentats. La psychose atteint parfois un tel degré que le moindre incident prend des proportions énormes. Par exemple, le 29 août dernier, l’ambassade du Royaume-Uni a été entièrement évacuée pour cause de découverte d’un colis suspect. Après les précautions et protections d’usage, le paquet a livré son secret, qui n’avait rien d’explosif : un lecteur de CD et… des biscuits.
Cité foisonnante, baptisée « la Tête du dragon », Jakarta, que d’aucuns trouvent banale, est pourtant une métropole qui force le respect par son gigantisme, dominé par l’obélisque de Monas, et l’incroyable modicité des prix à la consommation. Pour 5 dollars vous pouvez vous offrir un bon restaurant. Pour 3 dollars, un taxi vous promènera deux heures d’affilée dans la ville et vous emmènera dans les centres commerciaux de luxe, au Taman Angrekk ou au Ciputra Mall, dans le quartier de Slipi Jakarta. Véritables cavernes d’Ali Baba, ils offrent tout ce qu’un visiteur peut désirer à des prix défiant toute concurrence. Le coeur de la ville est la place d’Indonésie, cernée par deux hôtels de luxe, le Grand Hyatt et le Mandarin Oriental. On s’y repose avec délice de la chaleur tropicale, et rien n’interdit d’y déguster une bonne bière fraîche. Malgré les muezzins et les minarets – sur les 230 millions d’Indonésiens, 85 % sont musulmans -, la Bintang, brassée localement, coule à flots. Le service, souriant et prévenant, confirme que la légendaire hospitalité asiatique s’exprime pleinement sur ces terres javanaises.
De jour comme de nuit, Jakarta la trépidante ne s’arrête jamais. C’est normal : il y a un monde fou. L’Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé du monde. À Chinatown comme du côté du Vieux-Port, la densité moyenne est de 16 372 personnes au kilomètre carré. Plus serré que moi, tu meurs… Conséquence logique : le prix du mètre carré a grimpé jusqu’à 150 dollars en zone urbaine et 75 dollars pour les terrains industriels. On se croirait au Caire, en Égypte, ou à Lagos, la capitale économique du Nigeria. On y retrouve le même contraste entre riches et pauvres. Dans cette ville géante, divisée en cinq districts, les baraques en taule chatouillent les pieds des gratte-ciel. Bouchons monstres, motos par millions, les vendeurs de poulets grillés habitent des taudis hideux et travaillent devant des palaces cinq étoiles.
Mais la ville n’est pas une fin en soi. L’archipel s’étire sur près de 5 000 km, d’est en ouest et du nord au sud, formant plus de 17 000 îles, dont 6 000 « seulement » sont habitées. L’île de Java occupe, à elle seule, 132 000 km2. Son étroitesse, sa courbure et sa végétation luxuriante lui ont valu le surnom de « ceinture d’émeraudes de l’Équateur ». Il ne faut pas hésiter à s’embarquer pour visiter les environs, et notamment Pulau Seribu, chapelet d’une myriade d’îles veillées par des cocotiers, que baignent des eaux turquoise de rêve.

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