Le pari gabonais du mauricien IBL
Après s’être hissé au rang de deuxième holding du pays, le groupe a fait escale chez ses voisins insulaires, puis mis le cap sur le continent. Destination Kampala et Libreville.
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Depuis sa création en 1972, le groupe Ireland Blyth Limited (IBL) multiplie les bonnes prises. Né de la fusion entre deux des plus grandes compagnies d’import-export de Maurice, Ireland Fraser et Blyth Brothers, établies à Port Louis depuis le début du XIXe siècle, IBL se veut le gardien d’une tradition commerciale et d’un savoir-faire entrepreneurial qui assurent depuis longtemps la bonne fortune de l’île.
Avec le temps et l’appui de ses investisseurs (le groupe est coté à la Bourse de Maurice depuis 1994), IBL a su se diversifier et se développer. Fort d’un chiffre d’affaires de plus de 650 millions de dollars (près de 485 millions d’euros) pour l’exercice 2012-2013, il est devenu le deuxième holding mauricien après son compatriote, le Groupe Mon Loisir (GML), l’un des plus grands conglomérats sous-régional, qu’il a d’ailleurs intégré depuis 2010.
Présent dans les secteurs de la grande distribution, de la logistique maritime et aérienne, des services financiers, de la représentation commerciale, de l’ingénierie mécanique et des produits de la mer, IBL compte 88 sociétés actives, 7 500 employés et représente plus de 200 marques.
Le marché local étant de plus en plus étroit et concurrentiel, nous devons forcément aller voir ailleurs pour assurer notre expansion
Concurrence
Depuis quelques années, il cherche à repousser les frontières et s’intéresse de très près à l’Afrique. « Le marché local étant de plus en plus étroit et concurrentiel, nous devons forcément aller voir ailleurs pour assurer notre expansion », explique Nicolas Maigrot, le directeur exécutif du groupe, depuis son bureau qui domine les bassins portuaires de la capitale mauricienne.
Après une première approche régionale, dans les secteurs du transport et de la logistique à la Réunion, aux Comores et à Madagascar, ainsi que dans celui de la pêche aux Seychelles, le groupe a pris pied sur le continent en 2012. D’abord en Ouganda, avec l’acquisition de 50 % de la compagnie Fresh Cuts, spécialisée dans la production et la distribution de viande. Puis au Gabon, avec lequel le groupe mauricien semble avoir tissé les liens les plus solides.
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Partenariats
En février 2013, IBL a signé avec Libreville un accord de partenariat public-privé (PPP) pour le développement, pour une durée de vingt-cinq ans, d’une industrie locale de transformation des produits de la mer.
L’investissement initial est estimé à 25 millions d’euros, financés à 60 % par IBL et à 40 % par le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), mais il pourrait atteindre 100 millions d’euros à long terme, en fonction des projets réalisés. Car, à l’image de ce que le groupe développe à Maurice depuis quinze ans, « il s’agit de créer une véritable filière intégrée, de la pêche à la commercialisation de produits transformés », précise Nicolas Maigrot.
Le dossier, soutenu par le président gabonais Ali Bongo Ondimba (qui s’est rendu à Maurice en octobre 2013), porte sur la réorganisation et la modernisation de l’usine de Gabon Seafood, à Libreville, et la création des structures industrielles nécessaires à la mise en place d’une filière locale de pêche hauturière, ainsi que d’un chantier naval pour l’entretien de la flotte. « Nous sommes très fiers que le Gabon ait vu en nous un partenaire privilégié pour développer son industrie marine », se félicite le patron du groupe, qui signe ainsi le premier PPP de son histoire.
Sans inquiétude
Après un an d’allers-retours entre les deux capitales, le projet n’a pas encore réellement démarré. Des accords concernant l’exportation des produits transformés à forte valeur ajoutée vers le marché européen se font encore attendre.
Aucune raison de s’inquiéter pour Nicolas Maigrot. Depuis début juillet, la première campagne expérimentale de pêche a été lancée, dans des eaux gabonaises forcément poissonneuses puisque jamais véritablement exploitées. Elle va se poursuivre pendant plusieurs mois. « Nous aurons ensuite beaucoup plus de visibilité sur le potentiel réel de ce projet », assure le directeur exécutif d’IBL.
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