Un complot qui finit bien…
« C’est la première fois qu’une accusation de complot contre la sûreté de l’État ne se termine pas dans un bain de sang », confie Sidya Touré le 22 juillet, au lendemain de sa disculpation par la chambre d’accusation. Il est content pour l’avenir de la justice en Guinée, pour son pays, pour les quatre autres co-inculpés et, bien sûr, pour sa personne.
Trois mois et demi après avoir été faussement accusé de fomenter une tentative d’assassinat contre le chef de l’État Lansana Conté, Sidya Touré a recouvré son entière liberté de mouvement et donc d’action à la tête de l’Union des forces républicaines (UFR), le parti d’opposition qu’il avait fondé après son départ de la primature, exercée sous l’autorité du même Lansana Conté de 1996 à 1999.
À 59 ans, Sidya Touré se considère comme « un homme à éliminer » dans la course déclarée à la succession de Lansana Conté. Le pseudo-complot s’est ainsi révélé monté de toutes pièces par l’un des clans au pouvoir (voir J.A.I. nos 2257 et 2271), avec un dîner préparatoire à Paris, des tracts, des commandes d’armes… Les « preuves irréfutables » avancées par le ministre de la Sécurité, Moussa Sampil, se sont révélées « nulles et de nul effet » selon le verdict de la chambre d’accusation, présidée de haute main par Mme Cissé Souadou.
Solidement défendu par une équipe de quatre avocats – Christian Sow, Kamano Lamey, Sékou Koundiano et George Destephen -, Sidya Touré est aujourd’hui soulagé, de même que ses quatre « complices » : deux membres de l’UFR, Mme Kaba Rouguy Barry et Ibrahima Capi Camara ; un colonel, Mamadouba Camara ; et son beau-fils, fonctionnaire de la Banque centrale de Guinée, Aribot Baïdi, tous innocentés.
« Toutes les magouilles de la police judiciaire sont tombées à l’eau », a déclaré Me Christian Sow. « Je peux dire qu’il existe maintenant une justice en Guinée. C’est une importante victoire pour l’opposition. Et un précédent : face aux accusations infondées, le pouvoir sait désormais qu’on est capable de se défendre, commente Sidya Touré. C’est la première fois de ma vie que j’ai été placé en garde à vue, puis en résidence surveillée. Grâce à la pression de la rue guinéenne, à la combativité des militants de l’UFR et au soutien de la communauté internationale, la justice a triomphé de la police. »
Le gouvernement guinéen a enfin cédé aux pressions internationales. L’économie du pays est en ruine : pénurie de riz et autres produits alimentaires, inflation, dépréciation de la monnaie nationale, chômage… Et l’Union européenne, qui bloque depuis 2002 une aide de 260 millions d’euros, pourrait bien revoir sa position à la lumière de cet acte de justice.
(Lire aussi pp. 78-79, l’article de Francis Kpatindé)
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