Retour vers le futur
La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) va publier fin juillet sur Internet (www.bdeac.org) son rapport sur l’exercice 2003. S’il présente, évidemment, le bilan de la Banque, le document se révèle surtout être une précieuse collection de données sur les économies des six États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et leurs perspectives à court terme. L’on apprend ainsi que la zone a maintenu un niveau de croissance convenable à 4 % en 2003 (2,9 % aux États-Unis et 0,5 % en Europe), et qu’elle devrait atteindre les 7 % cette année. Une vue d’ensemble qui ne doit pas masquer d’importantes disparités selon les pays, où la situation va de la récession en Centrafrique (- 7 %) au dynamisme en Guinée équatoriale (13,6 %) et au Tchad (10,6 %), nouveaux producteurs de pétrole, en passant par le Cameroun (4,3 %), le Congo (1,2 %) et le Gabon (2,3 %). Ce dernier a donc retrouvé quelque vigueur après avoir touché le fond en 1999 (- 11,3 %). Le rapport propose en outre un état des lieux, par pays, des finances publiques,
de la situation du secteur bancaire et des principales sources de richesse, qui ne se limitent pas au pétrole, contrairement aux idées reçues. Exemple avec le cacao, dont le Cameroun devient le 6e producteur mondial avec une récolte de 185 000 tonnes l’année dernière (+ 25 %).
Pour le reste, la BDEAC présente un bilan financier en demi-teinte, marqué par une baisse de 3 % de son total de bilan, à 44,3 milliards de F CFA (67,5 millions d’euros) et une amélioration significative de son résultat d’exploitation, qui reste négatif (50 millions de F CFA). L’exercice 2003 est le second à mettre au crédit de la nouvelle équipe de la BDEAC, présidée par Anicet Georges Dologuélé depuis fin 2001. Connu pour avoir été Premier ministre de Centrafrique, de 1999 à 2001, il est surtout un ancien cadre supérieur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Comme il l’avait fait à Bangui pour les finances publiques, il a entrepris un assainissement en profondeur des structures et des comptes de la BDEAC, qui végétait depuis 1992, condamnée par les bailleurs de fonds à cesser toute activité pour rembourser ses dettes. Les résultats sont tangibles à la lecture du rapport annuel 2003. Sur le plan financier, la Banque peut reprendre du service et vise dès cette année de financer une trentaine de projets, pour un total de 22 milliards de F CFA. Quant aux cinquante pages consacrées à la Cemac, elles témoignent de la volonté de la Banque de s’affirmer en référence dans l’analyse de l’environnement économique. La Banque africaine de développement (BAD) ou la Banque mondiale ne font pas autrement, qui publient chaque année un ou plusieurs rapports qui font date. À la différence que la BDEAC compte 43 collaborateurs au total, soit quatre fois moins que le seul département communication de la Banque mondiale.
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