Maurice : Port Louis gagne du crédit
Le dynamisme de la place boursière et du secteur bancaire structuré et efficace de Port louis, capitale de Maurice, inspirent de plus en plus confiance aux investisseurs.
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Pour comprendre la structure économique de Maurice, il suffit de redescendre la place d’Armes de Port Louis, à l’ombre des palmiers royaux de l’avenue Queen-Elisabeth-II. De l’élégante maison coloniale qui sert de résidence au Premier ministre jusqu’aux bassins du port de commerce qui lui font face, l’artère principale de la capitale est bordée de sièges et d’agences bancaires. Seule Plantation House, qui abrite les organisations professionnelles de la filière sucre, témoigne encore de l’importance que celle-ci revêtit pour l’île. Tout un symbole.
Arrogants
Le sucre pèse aujourd’hui moins de 2 % du PIB, contre plus de 75 % au début des années 1970, alors que les activités liées à la finance ne cessent de croître. Elles contribuent pour plus de 10 % à la création de richesses nationales. « Ce qui démontre que le pays n’a rien d’un paradis fiscal, où les services financiers et la gestion de fonds représenteraient plus de 60 % de l’économie », souligne Sridhar Nagarajan, le PDG de la branche locale de la banque Standard Chartered.
Les services financiers, qui connaissent un rythme de croissance minimal de 5 % par an, contribue à hauteur de 10 % à la richesse nationale de Maurice
Pourtant, avec un rythme minimal de croissance de 5 % par an, les services financiers, dynamisés par des produits offshore très rentables, pourraient rapidement détrôner les filières manufacturières, principal pilier du PIB.
Depuis l’arrivée du premier établissement de crédit sur l’île, en 1838, pour accompagner le développement sucrier, ce secteur a fait du chemin. Il est même devenu l’un des plus structurés et des plus efficaces du continent, avec la place financière sud-africaine.
« Notre avantage est d’être beaucoup mieux perçus à l’étranger que leurs établissements, jugés parfois un peu arrogants, notamment en Afrique », confie un cadre de la Banque centrale. Un atout que les financiers mauriciens n’hésitent pas à exploiter. Ils espèrent ainsi voir leur île s’imposer comme une plateforme de services incontournable pour tous ceux qui souhaitent investir en Afrique. « Même quand ils viennent de Jo’burg », ajoute malicieusement le banquier.
Grands noms
L’île, qui compte 22 banques, peut s’appuyer sur deux fleurons : la Mauritius Commercial Bank (MCB) et la State Bank of Mauritius (SBM). Non seulement ces deux établissements couvrent près de 60 % du marché national, mais ils sont aussi classés parmi les 100 plus grandes banques africaines. Maurice accueille également quelques grands noms de la finance internationale, comme HSBC, Barclays, Deutsche Bank ou les sud-africains Standard Bank et Investec.
« Autant d’établissements qui crédibilisent la place financière mauricienne », estime Rinsy Ansalam, directeur général de Bourse Africa, un marché de produits dérivés installé à Port Louis.
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Pour renforcer la confiance des investisseurs, en plus des atouts que représentent sa situation géographique et son bilinguisme, Maurice a capitalisé sur la série d’accords passés avec une vingtaine de pays du continent sur la double imposition ou la protection des investissements.
Résultat : depuis quatre ans, selon une étude de la revue britannique The Banker, les fonds transitant par Maurice avant d’être investis à l’étranger représenteraient 60 % des avoirs du secteur bancaire local, soit l’équivalent de 170 % du PIB national.
Dans sa stratégie de développement, le secteur peut également s’appuyer sur la Bourse de Maurice (Stock Exchange of Mauritius, SEM), l’une des plus dynamiques d’Afrique et la seule sur le continent a avoir introduit une plateforme de cotation multidevise. Ses dirigeants sont actuellement en discussion avec leurs homologues d’Accra pour renforcer les liens avec le Ghana Stock Exchange. En attendant d’améliorer ses connexions avec les Bourses sud-africaines, kényanes ou marocaines.
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