Les clés du succès de Maurice
Maurice est le pays le plus compétitif d’Afrique. Sa recette : les réformes structurelles et la diversification. Retour sur une transformation réussie.
Maurice, une ambition africaine
Africains à part entière, les Mauriciens trustent les podiums de la bonne gouvernance et de la qualité de vie. Leur modèle peut-il s’exporter sur le reste du continent ?
Depuis des années, les observateurs étrangers qualifient ses performances économiques de « miraculeuses ». Et, de fait, l’île a connu un taux de croissance moyen de 5,3 % entre 1969 et 2013. « Ce pays a une capacité à rebondir assez exceptionnelle, confirme Sridhar Nagarajan, PDG de la filiale mauricienne de la banque Standard Chartered. À preuve, la façon dont Maurice a su tirer un trait sur sa vocation de port de transit une fois percé le canal de Suez pour se lancer, notamment, dans le tourisme. » Avant de jeter les bases d’une diversification à plus grande échelle.
Jouer la carte de l’ouverture
Plutôt que de se laisser isoler par son insularité, le pays s’est au contraire appuyé sur sa position géographique pour jouer la carte de l’ouverture. « La création d’une zone franche, parfaitement gérée par les pouvoirs publics, a été un réel succès », estime Sridhar Nagarajan. En plus de favoriser la création d’emplois sur un marché très réduit, de permettre l’industrialisation du pays grâce à l’investissement local, puis étranger, elle a été une véritable locomotive pour la croissance de l’économie nationale.
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« Depuis, la logique reste la même, seuls les secteurs concernés par cette stratégie évoluent avec le temps : sucre et textile hier, TIC [technologies de l’information et de la communication] et services financiers ces dernières années », explique Rama Sithanen, père de cette stratégie de diversification et des profondes réformes introduites depuis 2006. Une réussite.
Maurice a été récompensée l’an dernier en devenant l’économie la plus compétitive d’Afrique subsaharienne selon la Banque africaine de développement (BAD), devant Pretoria. Fort de ses bons fondamentaux, le pays a plutôt bien passé l’écueil de la récession mondiale de 2009, malgré sa forte exposition à la zone euro, qui absorbe chaque année près de 60 % de ses exportations. Certes, l’économie a perdu un peu de son élan, mais le taux de croissance n’est jamais passé sous la barre des 3 %.
En 2013, le PIB a encore progressé de 3,1 % selon le Fonds monétaire international (FMI), dont une délégation s’est rendue à Port Louis début août. Il devrait encore gagner plus de 3,7 % cette année et 4 %, voire plus, en 2015. « À condition de mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour améliorer la productivité et la compétitivité extérieure du pays », précise Martin Petri, chef de la mission du Fonds.
Nuages
Beaucoup reste à faire pour que Maurice fasse son entrée, d’ici à dix ans, dans le club des « pays à revenus élevés ». Pour le FMI, « il faut vite relancer l’investissement intérieur ». Or, depuis la crise financière, il marque le pas, de même que les investissements directs étrangers (IDE), qui, après avoir culminé en 2010, peinent à redécoller (voir infographies).
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Pourquoi Maurice mise sur le haut de gamme
Le pays doit encore développer les infrastructures de transport et de communication. Et investir dans le capital humain afin de faire reculer le taux de chômage, estimé à 8,2 % en 2013, qui touche un jeune Mauricien sur quatre.
Pour retrouver la confiance des investisseurs, le pays peut s’appuyer sur un environnement jugé « sans égal sur le continent » selon la Banque mondiale, qui place Maurice au 20e rang sur 189 pays dans son rapport « Doing Business » 2014.
Seule l’obtention de permis de construire pose encore quelques problèmes, mais le gouvernement a promis de se saisir rapidement du dossier pour chasser l’un des derniers nuages perturbant son climat des affaires, devenu une référence en Afrique.
———— >>>>> « Doing Business » : pourquoi le rapport fait polémique <<<<<———–
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