Attentat terroriste au Maroc : une radicalisation expresse et pas de liens directs avec l’étranger

Le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN, la police marocaine) est intervenu dimanche soir à la télévision pour livrer les derniers éléments de l’enquête ouverte après l’assassinat « terroriste » de deux touristes scandinaves, le week-end dernier dans les environs de Marrakech.

Les auteurs du double meurtre d’Imlil (Maroc), dans leur vidéo d’allégeance à l’organisation État islamique, avant de passer à l’acte en décembre 2018. © DR

Les auteurs du double meurtre d’Imlil (Maroc), dans leur vidéo d’allégeance à l’organisation État islamique, avant de passer à l’acte en décembre 2018. © DR

CRETOIS Jules

Publié le 24 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Boubker Sabik, porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a fait des révélations aux téléspectateurs de la chaîne 2M sur le double meurtre à caractère terroriste d’Imlil, sur le plateau de l’émission « Confidences de presse » présentée par Abdellah Tourabi, ce dimanche 23 décembre.

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Le porte-parole de la DGSN est revenu sur le profil des quatre suspects. Ils ont entre 25 et 33 ans et vivent en partie d’activités informelles – ce secteur de l’économie représente environ 2,4 millions d’emplois, selon une récente étude de 2018 pour le compte de la Confédération générale des entreprises du Maroc. L’un d’eux est menuisier.

L’action préméditée mais pas la cible

Un autre a été condamné en 2013 après avoir été proche de réseaux organisant des départs de Marocains vers la Syrie et l’Irak. Ce serait lui qui, à Marrakech, anime les rencontres régulières du petit groupe, qui se radicalise vite et, a priori, sans tisser de liens avec des groupes à l’étranger.

Le groupe n’aurait pas de cible précise et se contente d’installer une tente dans un paysage escarpé, puis d’y enregistrer une vidéo d’allégeance à Daech

Le quatuor se serait entendu mercredi 12 décembre pour passer à l’acte. Vendredi 14, les quatre suspects quittent Marrakech et s’installent dans la région d’Imlil, fréquentée par de nombreux randonneurs. Mais pour le moment, le groupe n’aurait pas de cible précise et se contente d’installer une tente dans un paysage escarpé, puis d’y enregistrer une vidéo d’allégeance à Daech (acronyme arabe de l’État islamique). La séquence sera diffusée dans les jours suivant le double meurtre.

Dans la nuit du 16 au 17 décembre, deux jeunes touristes scandinaves qui comptent gravir le mont Toubkal plantent leur tente le long d’une route de la région. Leurs corps sont retrouvés le lendemain matin par des habitants. On ne sait pas comment les suspects ont possiblement repéré les victimes. Toujours est-il qu’ils repartent en direction de Marrakech dans la foulée de l’assassinat, alors qu’il ne fait pas encore jour.

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Arrestations et enquête

Le porte-parole de la police a ensuite donné des précisions sur le déroulé de l’enquête. La piste d’un crime terroriste aurait été retenue parmi d’autres. Devant une scène de crime étonnante, le ministère public décide de confier l’affaire au Bureau central d’investigation judiciaire (Bcij). Les enquêteurs auraient alors vite identifié un des suspects sur la base de vidéos. Dès le 18 décembre au matin, il est arrêté. Dans la foulée, les déclarations de ce dernier et les données recueillies dans la région d’Imlil permettent l’identification des trois autres suspects.

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Les auteurs présumés seront arrêtés le 20 décembre au matin, à proximité de Bab Doukkala, où se trouve l’une des principales gares routières de Marrakech. Selon Boubker Sabik, la police connaît déjà leur itinéraire. Les agents attendent que les suspects soient montés à bord d’un car avant de le stopper et de les y appréhender.

Dans la foulée, l’enquête a amené à identifier et arrêter neuf autres personnes qui étaient en contact avec les quatre suspects. Lors de ces interpellations, la police a saisi des matières chimiques permettant de fabriquer des explosifs. Sabik a aussi évoqué le cas d’une vidéo relayée sur les réseaux sociaux et présentée par beaucoup comme étant la scène du crime. La police mènerait encore une expertise à propos de cet enregistrement.

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