Tunisie : heurts entre policiers et manifestants après l’immolation par le feu d’un journaliste

De nouveaux heurts ont opposé mardi 25 décembre la police à des manifestants à Kasserine, dans l’ouest du pays, peu après l’enterrement d’un journaliste qui s’était immolé par le feu la veille.

Des policiers tunisiens à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, le 25 décembre 2018. © HATEM SALHI / AFP

Des policiers tunisiens à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, le 25 décembre 2018. © HATEM SALHI / AFP

Publié le 25 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Ce mardi, des dizaines de manifestants se sont réunis devant le siège du gouvernorat (préfecture) de Kasserine, où avait été déployé un important dispositif de sécurité. Les forces de l’ordre tunisiennes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule et des affrontements ont opposé les deux camps.

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Le journaliste Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, est décédé lundi soir, après s’être immolé par le feu en affirmant vouloir protester contre le chômage et la dégradation de la situation économique dans la région de Kasserine, l’une des plus pauvres du pays. « Pour les fils de Kasserine qui n’ont pas de moyens de subsistance, aujourd’hui, je vais commencer une révolution, je vais m’immoler par le feu », avait déclaré le journaliste dans une vidéo qu’il a publiée avant sa mort.

Six policiers blessés et neuf arrestations

Ce drame a suscité la colère des habitants de cette ville défavorisée. Dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines d’entre eux ont brûlé des pneus et bloqué la rue principale du centre-ville, la police répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sofiane al-Zaq, a déclaré que six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements, ainsi que neuf personnes arrêtées lundi soir.

L’acte visait à protester contre ‘des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d’espoir’ qui frappent cette région

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé lundi dans un communiqué que l’acte du journaliste reporter d’images visait à protester contre « des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d’espoir » qui frappent cette région.

L’ouest, berceau révolutionnaire

Kasserine est l’une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations pour protester contre la pauvreté et la marginalisation. La police avait alors tué des manifestants. Provoquées par l’immolation par le feu en décembre 2010 d’un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières, les manifestations s’étaient ensuite propagées à travers tout le pays, et avaient conduit au renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

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Malgré les progrès de la transition démocratique et un récent retour de la croissance économique après des années de stagnation, les autorités tunisiennes peinent toujours à répondre aux aspirations sociales des Tunisiens. Inflation et chômage alimentent les troubles sociaux. Des émeutes avaient éclaté en janvier dernier dans de nombreuses villes du pays.

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