Les élections auront-elles lieu ?

Publié le 26 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Les spécialistes en matière électorale l’ont indiqué aux autorités congolaises : il faut, dans les conditions actuelles de la RDC, pas moins de six ans pour achever un recensement correct de la population. À moins de douze mois de l’échéance électorale de juin 2005, peut-on encore espérer recenser les futurs votants ? Personne n’y croit, à commencer par l’Union européenne qui a pourtant mis sur la table 80 millions de dollars pour financer cette opération.
Au vu des délais impartis, les acteurs de la transition, dont le vice-président Jean-Pierre Bemba, pensent à une autre solution : passer outre le recensement dit « scientifique » pour procéder, directement, à un listing des votants. Comment ? Quand ? Les modalités restent à définir. Car, même cette dernière formule, en apparence facile, est loin d’être évidente à mettre en oeuvre. Comment « lister » 60 millions de personnes, réparties sur un territoire de 2,3 millons de km2 ? Surtout s’il n’existe pas de route carrossable pour relier un point à un autre de ce « pays-continent » ? Peut-on, d’ici à l’année prochaine, concevoir du matériel électoral pour 60 millions de votants, l’acheminer par avion, restaurer le réseau de communication pour centraliser les résultats après le scrutin ? Peut-on, d’ici à l’échéance fixée, désarmer les combattants, sécuriser le Kivu, reloger les personnes déplacées ? Évidemment non.
Au sein du gouvernement, beaucoup sont déjà convaincus que le chef de l’État va faire usage de la disposition de la Constitution qui lui permet de rallonger la transition pour une durée de six mois (renouvelable une fois). Mais même cette prolongation risque de ne pas suffire si l’on veut organiser des élections avec un minimum de transparence. Ce constat a amené un diplomate occidental en poste à Kinshasa à douter de la possibilité d’organiser une élection au suffrage universel. Celui-ci croit qu’il y aura l’année prochaine un scrutin de type censitaire, dans lequel seuls les députés, sénateurs et autorités locales seront amenés à se prononcer. Si cette hypothèse paraît peu acceptable, on ne peut que s’étonner du retard grandissant accumulé par la transition par rapport à la « feuille de route » publiée par le chef de l’État, Joseph Kabila, le 19 avril 2004. Selon ce document, toute une série d’actions devaient être achevées entre les mois d’avril et de juin : la promulgation des lois sur le recensement, sur la défense et la sécurité, sur la jeunesse et les sports ; la nomination aux postes de la diplomatie et de cadres des services spécialisés comme l’Agence nationale de renseignements ; la mise en place des membres de « la structure militaire d’intégration » ; l’installation des mandataires des entreprises publiques et des sociétés d’économie mixte… À ce jour, aucune de ces actions n’a été accomplie.

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