Économie africaine : les 15 temps forts de l’année 2018

Conclusions de contrats, mouvements de consommateurs, inaugurations de projets symboliques, expulsions d’entreprises étrangères… Jeune Afrique a sélectionné pour vous 15 informations économiques qui ont marqué l’année 2018.

Montage JA © Montage JA

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Publié le 28 décembre 2018 Lecture : 8 minutes.

• 1er janvier : la TVA explose en Tunisie

Avec l’entrée en vigueur de la loi de finances 2018, une majoration de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) est appliquée, qui va de 2 à 300 % selon les produits (hydrocarbures, mais aussi énergie, alimentation, immobilier, produits importés…). Des hausses de prix évaluées à 300 dinars (100 euros) par mois et par foyer, qui ne tardent pas à susciter la grogne des consommateurs.

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>>> À LIRE : L’augmentation de la TVA provoque un tollé en Tunisie

• 11 janvier : en Angola, João Lourenço démet José Filomeno dos Santos de la tête du fonds souverain

Après sa demi-sœur Isabel, limogée de la présidence de la Sonangol en novembre 2017, la purge anti-dos Santos s’étend à « Zenu ». Soupçonné d’avoir réalisé un transfert de 500 millions de dollars dans le cadre d’un plan qui aurait permis de détourner 1,5 milliard de dollars, le fils de l’ex-président angolais sera mis en examen pour fraude au mois de mars et placé en détention provisoire le 24 septembre.

>>> À LIRE : Angola : comment Lourenço a pris (tout) le pouvoir

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• 16 février : l’État gabonais réquisitionne de force une filiale de Veolia

Mettant en avant « la dégradation du service rendu aux usagers » et « les efforts financiers consentis par l’État, non suivis des effets escomptés », le ministère gabonais de l’Eau et de l’Énergie met fin unilatéralement à la convention de concession qui le liait à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale à 51 % du groupe français Veolia, et réquisitionne installations et employés.

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Après une tentative infructueuse de conciliation, Veolia, qui dénonce « des motifs très clairement ridicules », en appelle au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), devant lequel une procédure est toujours en cours.

>>> À LIRE : Veolia : Christophe Maquet prend la suite de Patrice Fonlladosa à la direction Afrique

• 22 février : à Djibouti, le gouvernement expulse DP World du port de Doraleh

Alors que les deux parties sont en conflit ouvert depuis 2015, les autorités djiboutiennes ont tranché dans le vif en expulsant manu militari l’opérateur portuaire dubaïote du terminal à conteneurs de Doraleh, que ce dernier gérait depuis la signature en 2006 d’un contrat de concession de trente ans. Le gouvernement, agissant en vertu d’une loi d’octobre 2017 sur la protection de la souveraineté nationale, a depuis annoncé la nationalisation des parts appartenant à la société portuaire de Djibouti (66 %) dans la coentreprise Doraleh Container Terminal (DCT).

La bataille continue de faire rage entre les deux acteurs, tant devant les tribunaux que dans les médias et sur la scène diplomatique.

>>> À LIRE : DP World/Djibouti : Washington choisit son camp

• 7 mars : Saham Group cède son pôle assurances au sud-africain Sanlam

Présent depuis trois ans au tour de table de Saham Finances, le sud-africain Sanlam annonce l’augmentation de sa participation au capital de la filiale du groupe de Moulay Hafid Elalamy pour passer de 46,6 % à 100 %, aux termes d’un accord conclu la veille. Un deal à 1,05 milliard de dollars qui mettra encore plusieurs mois à être finalisé, le closing étant intervenu le 10 octobre dernier, après l’approbation des différentes autorités de régulation.

>>> À LIRE : Finance : Saham change de visage

• 11 mars : en RDC, Joseph Kabila promulgue le nouveau code minier

Pour les miniers internationaux opérant en RDC (Glencore, Randgold, AngloGold, China Molybdenum, CDM…), la pilule a du mal à passer : le nouveau code minier congolais prévoit l’instauration de nouvelles taxes et supprime la clause de stabilité à dix ans qui leur était jusque-là accordée. Dans la foulée, Albert Yuma, le patron de la Gécamines, l’opérateur national incontournable pour l’exploitation des minerais stratégiques – cuivre et cobalt – annonce son intention de négocier l’ensemble des contrats de partenariats liant la société nationale aux opérateurs étrangers – il passera aux actes un mois plus tard.

>>> À LIRE : Mines en RDC : les dessous du coup de force

• 20 avril : démarrage d’un boycott inédit au Maroc

Quelques hashtags et un appel qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux, sans que l’origine en soit pleinement identifiée. En quelques jours, trois marques sont au centre d’un mouvement de boycott d’une ampleur sans précédent au Maroc : Centrale laitière, filiale du géant français Danone ; l’eau Sidi Ali, des Eaux minérales d’Oulmès (filiale de Holmarcom), dirigées par l’ancienne patronne des patrons, Miriem Bensalah ; et Afriquia, leader des stations-service, dont l’actionnaire principal n’est autre que Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et président du Rassemblement national des indépendants (RNI). Le mouvement ne s’essoufflera pas avant plusieurs mois, provoquant des chutes vertigineuses dans les résultats de ces groupes.

>>> À LIRE : Consommation : ces hashtags qui font trembler les multinationales

• 25 avril : Vincent Bolloré mis en examen pour des soupçons de corruption à Conakry et à Lomé

« Corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « faux et usage de faux » sont les trois qualifications retenues par la justice française pour expliquer la mise en examen de l’homme d’affaires français et de deux de ses collaborateurs, le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent. Le 12 décembre, le holding sera à son tour mis en examen.

La procédure, encore en cours, doit déterminer si le groupe français a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale de publicité Havas pour se voir attribuer la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.

>>> À LIRE : Affaire Bolloré : « La procédure pourrait durer dix ans »

• 27 avril : le rachat de Tigo Sénégal par Xavier Niel, Yerim Sow et Hassanein Hiridjee est finalisé

Le feuilleton de la cession de la filiale sénégalaise de Millicom aura duré plus d’un an : en février 2017, c’est le groupe sénégalais de transfert d’argent Wari qui est annoncé comme repreneur de la marque Tigo. Mais le groupe luxembourgeois fera machine arrière le 31 juillet suivant, arguant que les financements requis n’avaient pas été apportés dans les temps.

Dans la foulée, Millicom présente le nouvel acquéreur, un consortium formé de Teylium Telecom (contrôlé par le sénégalais Yerim Sow), NJJ (holding de Xavier Niel) et Sofima (véhicule d’investissement en télécommunications géré par le Groupe Axian, de la famille Hiridjee). S’ensuit une bataille en règle entre les trois entités, à coups de communiqués aussi bien que devant les tribunaux d’arbitrage.

Le 16 avril 2018, un décret signé par Macky Sall, approuvant la vente, est finalement publié au Journal officiel, ouvrant la voie à la finalisation de la transaction.

>>> À LIRE : Reprise de Tigo Sénégal : les nouveaux propriétaires annoncent 107 millions d’euros d’investissements

• 2 mai : le Sénégalais Alioune Ndiaye prend ses fonctions de directeur Afrique/Moyen-Orient chez Orange

C’est la première fois que l’opérateur français confie la direction de ses filiales africaines à un Africain, en l’occurrence Alioune Ndiaye, 58 ans, ex-directeur général de Sonatel au Sénégal. Ce dernier, qui remplace à ce poste Bruno Mettling, gère désormais 20 filiales sur le continent et au Moyen-Orient, soit 120 millions de clients pour un chiffre d’affaires cumulé de plus de 5 milliards d’euros.

>>> À LIRE : Orange – Alioune Ndiaye : « Les Gafa doivent contribuer aux recettes des États »

• 18 juillet : en Côte d’Ivoire, le tribunal de Sassandra prononce la liquidation de Saf Cacao

La Société Amer et frères (Saf Cacao), fondée en 2004 par trois entrepreneurs ivoiro-libanais, Ali Lakiss, Adnan Amer et Ahmed Amer, n’a pas pu se relever de la chute de son principal client, Transmar, aux États-Unis, ni des défauts de contrats qu’elle a subis sur deux campagnes successives. L’entreprise laisse une ardoise de 150 milliards de F CFA (229 millions d’euros), bien plus que la valeur de ses actifs – estimés à 60 milliards de F CFA. Un coup dur pour ses partenaires bancaires.

>>> À LIRE : Côte d’Ivoire : Prime Group, le mystérieux repreneur potentiel de Saf Cacao, n’a pas payé

• 3-4 septembre : 53 dirigeants africains au Sommet Chine-Afrique à Pékin

Presque tous les pays – à l’exception du Swaziland – étaient représentés lors du 7e Forum sur la coopération sino-africaine. L’objectif de ces délégations, le plus souvent de très haut niveau (chefs d’État et de gouvernement) : renégocier les conditions de financement des projets en cours et décrocher de nouveaux crédits alors que le président chinois, Xi Jinping, avait annoncé 60 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique, dont 15 milliards sous forme de dons et de prêts sans intérêts.

>>> À LIRE : Forum sino-africain : derrière les annonces, une Chine plus sélective

• 15 novembre : Al Boraq, le TGV marocain, est inauguré

Premiers passagers de la ligne à grande vitesse qui relie désormais Tanger à Casablanca,  Mohammed VI et Emmanuel Macron ont pris place à bord des rames conçues par le français Alstom et assemblées au Maroc. Grâce au TGV, l’ONCF divise par deux le temps de trajet entre les deux villes, notamment grâce à des pointes à 320 km/h entre Tanger et Kenitra. Ce projet, initialement attendu pour décembre 2015, aura coûté 23 milliards de dirhams (près de 2 milliards d’euros), soit 15 % de plus que le budget initial.

>>> À LIRE : Le Maroc paie son TGV au prix fort

• 26 novembre : en Algérie, un méga-projet à 6 milliards de dollars pour la production de phosphate

Les entreprises publiques algériennes Sonatrach et Asmidal s’associent au conglomérat chinois Citic pour faire passer le niveau de production nationale de phosphate de 1 à 10 millions de tonnes par an. Le projet, qui sera installé dans la région de Tébessa (Est), comprendra à la fois des installations minières et un complexe industriel, pour une production locale d’engrais phosphatés, d’ammoniaque et de silicium. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a assisté à la signature du contrat entre les trois opérateurs, a estimé que ce projet rapporterait « près de 2 milliards de dollars par an » après sa mise en production, prévue pour 2022.

>>> À LIRE : Algérie : Ould Kaddour, de la prison à la tête de Sonatrach

• 24 décembre : MTN et le Nigeria règlent leur différend

Le 29 août, la Banque centrale du Nigeria a provoqué un choc en ordonnant à MTN de rapatrier 8,13 milliards de dollars que l’opérateur aurait « illégalement » sortis du pays. Quelques jours plus tard, c’est un redressement fiscal de 2 milliards d’euros qui lui est adressé, au titre de taxes impayées – ce que l’opérateur a aussitôt contesté.

>>> À LIRE : Télécoms : opérateurs contre États, une escalade inquiétante

Si la Banque centrale et le groupe de communications ont fini, à la veille de Noël, par trouver un arrangement (moyennant le versement par MTN de 53 millions de dollars de pénalités), la résolution du conflit fiscal devant la Cour suprême du Nigeria a été renvoyée au 7 février. Affaire à suivre…

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