« Le monde est isolé »
Publié le 26 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.
Il y a près d’un siècle, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, alors très grande puissance mondiale, se considérait comme le centre de l’Europe (et de la terre). Un jour de très grande tempête dans la Manche, ce bras de mer qui le sépare du continent européen, ses journaux ont titré : Le continent est isolé.
Ce dérapage-erreur d’optique est resté célèbre et me revient à l’esprit à propos d’Israël.
Ce petit pays, militairement trop puissant et diplomatiquement protégé par l’hyperpuissance américaine, peuplé de gens éduqués et réputés intelligents, croit pouvoir fouler aux pieds les règles et la morale internationales, faire fi de l’opinion mondiale.
Ses dirigeants actuels, qui lui coûtent fort cher, disent à leur peuple qu’ils ont raison contre la Cour internationale de justice et l’Assemblée générale des Nations unies, représentant la quasi-totalité du monde.
Ces deux grandes instances ont jugé qu’Israël, quelles que soient ses raisons, n’a pas le droit d’édifier un mur sur des territoires qu’il occupe par la force ; elles lui enjoignent de renoncer à cette horrible clôture et de l’abattre.
Réponse d’Ariel Sharon et de son gouvernement :
– Nous avons raison et vous avez tort. Ce que vous dites est nul et non avenu, nous n’en tiendrons aucun compte. Dès lors que l’Amérique est avec nous, vous ne pouvez pas nous contraindre.
L’histoire de l’humanité est peuplée de telles bravades que le temps se charge de ramener à ce qu’elles sont : des manifestations de démesure, voire de déraison.
Composée de quinze magistrats internationaux, dont nul ne peut contester la compétence et l’internationalisme, la Cour internationale de justice a condamné le mur israélien et demandé sa destruction par quatorze voix contre une.
Quant à l’Assemblée générale des Nations unies, elle a entériné cette condamnation et renouvelé la demande de destruction à une majorité impressionnante :
90,36 % des voix pour, dont tous les pays européens.
Ne se sont associés à Israël, aux États-Unis et à l’Australie, pour justifier le mur, que trois pays affidés, qui sont des micro-États dont l’adhésion aux Nations unies est récente.
On retrouve des micro-États également parmi les abstentionnistes (cinq sur dix).
Au total, 150 pays ont condamné Israël, 5 ont voté avec lui et 10 se sont abstenus.
Ces 15 viennent :
. du continent américain (4), de l’Océanie (9), de l’Afrique (2, Ouganda et Cameroun).
Ils représentent 6,48 % de la population mondiale, 21,2 % de la superficie de la planète et, même avec la présence de la première puissance économique mondiale, seulement 36,08 % du PNB mondial (voir graphique).
Aucun pays européen, aucun pays asiatique, aucun pays arabe, aucun pays musulman n’a voté contre la résolution ou ne s’est abstenu.
