Impressions d’un observateur ému

Publié le 26 juillet 2004 Lecture : 3 minutes.

J’ai découvert Jeune Afrique dans les années 1980, lorsque j’étais élève au collège de N’Zérékoré, dans la région forestière de la Guinée. Nos professeurs faisaient circuler entre eux un exemplaire, voire la photocopie d’un numéro (sans aucune considération pour les copyrights !). Faute de moyens financiers, rares étaient ceux qui pouvaient s’offrir des exemplaires personnels.
Vinrent des jours meilleurs et l’on put de temps à autre acheter le célèbre magazine en provenance de Paris. Finalement, il y a près de deux ans, après des années de contacts irréguliers, j’ai pu m’abonner au journal. Je venais d’empocher mon DEA de relations internationales à Londres, en Angleterre. Depuis je n’ai raté presque aucun numéro et j’ai découvert en Jeune Afrique, devenu l’intelligent, un magazine où le franc-parler, la diversité des opinions et la rigueur de l’analyse sont la règle. Il n’est donc pas étonnant que certains articles provoquent des débats animés, également publiés dans les colonnes du journal, même lorsque les points de vue des lecteurs vont à l’encontre des propos de l’éditorial.
À la fin de mes études universitaires, j’ai commencé à écrire pour le magazine octogénaire West Africa, édité à Londres, puis pour d’autres publications en anglais comme en français, tout en travaillant parallèlement pour Amnesty International. En mars 2004, la maison d’édition londonienne Adonis & Abbey Publishers Ltd. a édité mon premier roman, en anglais, intitulé Samassi. Je travaille désormais sur une version française de ce livre, et je collabore à une revue bimestrielle intitulée African Renaissance.
Je n’ai pas pour autant oublié J.A.I. et n’ai jamais perdu de vue l’objectif d’écrire pour ce magazine. Aussi, lorsque j’y ai découvert une annonce de recherche d’écrivains-journalistes maîtrisant l’anglais et le français, j’ai immédiatement envoyé ma candidature. Deux semaines plus tard, je recevais un courrier de Béchir Ben Yahmed, le patron du Groupe Jeune Afrique, m’informant que mon profil l’intéressait – et ce d’autant plus qu’il préparait une publication en anglais – et me proposant de venir passer quelques jours à Paris au sein de la rédaction.
En arrivant dans les locaux du magazine mardi 15 juin, je m’attendais à quelque chose d’intéressant, et je n’ai pas été déçu.
J’ai été d’emblée impressionné par l’organisation et le sérieux qui règlent la réunion de rédaction. L’ensemble des journalistes étaient réunis à 8 h 30 précises dans la salle de conférence, et la réunion commença par la critique du dernier numéro paru, réalisée par écrit par un des journalistes et dont chacun détient une copie. J’ai trouvé les observations de M. Ben Yahmed sévères, mais pas pour autant injustes. Le ton était d’ailleurs très cordial.
Vint ensuite l’examen et le suivi des numéros en cours et à venir. Chaque journaliste était prêt à donner un rapport bref de l’avancement de ses projets. Durant les deux heures de réunion, la caractéristique principale des débats et des échanges était le franc-parler et la précision, car il n’y a pas de temps à perdre. La fiche de sommaire des numéros en cours et à venir, distribuée à chacun et informant du niveau d’avancement de chaque article, est très utile. Elle permet à l’ensemble du groupe de suivre les projets de chacun de près et d’y apporter une assistance, si nécessaire. Et elle garantit la publication du magazine en temps et en heure. Voilà peut-être une des raisons de la continuité de J.A.I. durant ces quatre décennies, contrairement à bien d’autres publications sur l’Afrique.
L’élaboration d’un agenda, chaque semaine, de tous les événements à venir explique également pourquoi la couverture de l’actualité qu’assure J.A.I. est si complète. Prévoir les événements permet de bien s’y préparer et donc de bien les analyser. De même, l’attribution des sujets est judicieuse : les sujets ne sont traités que par des gens qui les ont volontairement choisis et qui s’y intéressent.
Enfin, la composition humaine du personnel est remarquable. Pas seulement à cause de la diversité en termes de pays d’origine, mais aussi par l’équilibre entre les âges et les sexes.

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