Attentat au Maroc : les salafistes marocains condamnent le crime terroriste

Le principal groupe politique salafiste du royaume a condamné le meurtre des deux randonneuses scandinaves au pied du Mont Toubkal et a rediffusé ses principales revendications.

Un membre de l’unité antiterroriste marocaine en 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Un membre de l’unité antiterroriste marocaine en 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 28 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

C’est par voie de communiqué que la Coordination commune pour la défense des détenus islamistes (CCDDI) a condamné le 27 décembre le récent double assassinat à caractère terroriste commis à Imlil, dans la région de Marrakech.

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La CCDDI, née afin de porter la voix des prisonniers salafistes marocains – souvent arrêtés dans le cadre de la principale loi antiterroriste n°03-03, promulguée au lendemain des attentats de mai 2003 –, est au fil du temps devenue l’un des principaux groupes du salafisme militant marocain. La Coordination est notamment active à Rabat, Salé, Fès, Tanger et Tétouan.

Un communiqué militant

Dans son communiqué, la CCDDI a gardé un ton militant et condamné ceux qui profitent de la séquence pour accuser à tort l’islam. La CCDDI a réitéré sa demande de voir abroger la loi antiterroriste. Cette dernière avait été étendue en 2015, notamment sous la houlette du ministre de la Justice, l’islamiste Mustapha Ramid, avocat anciennement engagé dans la défense des droits des prisonniers salafistes.

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Enfin, la Coordination n’a pas caché sa crainte d’abus après la confirmation de la piste terroriste du crime d’Imlil. En 2005, Mohammed VI lui-même avait reconnu l’existence d’« abus » dans la répression post-attentats de 2003 dans une interview au quotidien espagnol El País. À Jeune Afrique, Abdelhak Bassou, ancien directeur central des renseignements généraux marocains, avait assuré que l’organisation du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), créé en 2015 et chargé de l’enquête sur le crime d’Imlil, permettait aussi d’éviter les atteintes aux droits.

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Dans son communiqué, la CCDDI a regretté des « arrestations préventives » dans les milieux salafistes à l’orée de la fin d’année 2018, dont témoignent aussi des articles de la presse arabophone, notamment le quotidien à grand tirage Al Massae.

Les chouyoukh condamnent

Le texte de la Coordination n’est pas la première réaction à l’assassinat des deux jeunes touristes scandinaves par des individus visiblement radicalisés à grande vitesse émanant de la galaxie salafiste marocaine. Le cheikh Mohamed Fizazi avait rapidement condamné l’assassinat des deux jeunes touristes.

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« Le meurtre des femmes est illicite en temps guerre, comment tuer en paix ? » Fizazi avait été libéré en 2011, après plusieurs années de prison. Cette voix influente du salafisme contemporain marocain avait été arrêtée dans la foulée des attentats de mai 2003, alors qu’il était connu pour ses prêches enflammés. Aujourd’hui, toujours très conservateur, il est devenu bien moins politique dans ses propos et s’érige souvent en ardent défenseur de l’ordre. Mais comme un certain nombre de chouyoukh enfermés dans une période courant du 11 septembre 2001 aux printemps arabes et libérés dans la foulée de ces derniers, il a perdu de son influence dans le milieu salafiste.

Le cheikh Hassan Kettani, enfermé lui aussi dans la foulée des attentats de 2003 pour ses prêches et gracié par le roi en 2012, a également condamné un « crime odieux ». Kettani est resté plus proche des bases militantes que Fizazi et apparaît parfois aux côtés des militants de la CCDDI dans des manifestations publiques. Avec les réactions des salafistes dits « quiétistes », comme le Marrakchi Hammad el Kabbaj, qui ont tâché de condamner les assassinats tout en insistant sur la dissociation de l’islam et du terrorisme, c’est le gros de la sphère salafiste marocaine qui a désavoué le crime d’Imlil.

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