Présidentielle à Madagascar : « C’est la victoire pour nous », exulte le camp d’Andry Rajoelina
Les proches d’Andry Rajoelina ont exprimé leur joie après la victoire de leur candidat à la présidentielle malgache. Le camp de son adversaire, Marc Ravalomanana, affichait en revanche sa détermination à dénoncer des irrégularités.
Il était assis au premier rang en attendant la consécration. C’est dans un hangar de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dans la chaleur moite de l’après-midi, qu’Andry Rajoelina a assisté à la proclamation des résultats – encore provisoires – de l’élection présidentielle, le 27 décembre. Une élection qu’il a remportée avec 55,66% des suffrages exprimés, contre 44,34% pour son adversaire, Marc Ravalomanana.
« Le plus important, c’est que le peuple malgache a pu s’exprimer en toute liberté, a déclaré Andry Rajoelina à la presse à l’issue de la cérémonie. Je remercie tous ceux qui m’ont donné leur confiance et même vous, qui avez voté pour un autre candidat. Le pas qu’on a fait est vraiment important. L’élection présidentielle de 2018 est terminée et on se retrouvera en 2023 ».
Nos efforts, déployés depuis des mois, des années, ont enfin porté leurs fruits
Face aux allégations de fraudes, Andry Rajoelina a également répondu : « Nous ne savons pas tricher. Nous ne savons pas voler. »
« Nous nous préparons à l’investiture et à la suite »
De nombreux membres de missions d’observation électorale, d’organismes internationaux et plusieurs ambassadeurs, dont celui de la France, s’étaient déplacés au siège de la Ceni à Alarobia, au nord de la capitale malgache. La cérémonie s’est toutefois déroulée sans Marc Ravalomanana et ses proches lieutenants.
Après l’événement, les partisans d’Andry Rajoelina ne cachaient pas leur joie. « C’est la victoire pour nous, a déclaré à Jeune Afrique Lalatiana Rakotondrazafy, directrice générale de la radio Free FM et partie prenante à la campagne du candidat victorieux. Nos efforts, déployés depuis des mois, des années, ont enfin porté leurs fruits. Nous nous préparons à l’investiture et à la suite : la mise en place d’un gouvernement, les gros chantiers promis, les villes nouvelles, les écoles… »
Même état d’esprit chez Hajo Andrianainarivelo, le leader du parti MMM, allié de longue date d’Andry Rajoelina : « Nous faisons maintenant confiance aux juges électoraux de la Haute Cour constitutionnelle [HCC], a-t-il ajouté, joint par téléphone. On espère que les résultats ne changeront pas et qu’on pourra s’atteler à nos projets. »
Premières requêtes déposées par le camp Ravalomanana
La HCC dispose en effet de neuf jours pour statuer sur les requêtes déjà déposées par le camp Ravalomanana et vérifier les procès-verbaux. Elle proclamera ensuite les résultats définitifs. « À 17 heures, les premiers dossiers arrivaient déjà à la HCC, a affirmé à Jeune Afrique Serge Zafimahova, le coordinateur de la campagne de Marc Ravalomanana. D’autres vont suivre dans les 48 heures. Samedi [29 décembre], nous allons les rendre publics dans la presse et organiser un rassemblement pour sensibiliser la population à nos demandes. »
Lui aussi se dit confiant dans l’action des juges constitutionnels. « Je n’ai pas d’autre commentaire sur les chiffres de la Ceni, que nous n’acceptons pas, ajoute-t-il. Et je ne vois pas ce que j’aurais été faire à cette cérémonie. »
Depuis son QG, l’équipe de marc Ravalomanana a également déclaré, après l’annonce des résultats provisoires : « Le délai imparti pour publier les résultats provisoires n’était pas encore arrivé à son terme. Selon la loi, nous avions encore deux jours pour vérifier et confronter les PV. La Ceni a aidé Andry Rajoelina pour commettre ces fraudes massives. »
>>> À LIRE – Madagascar : Ravalomanana et Rajoelina, la revanche comme cheval de bataille
Appels à la prudence
De son côté, le Safidy, une mission d’observation électorale nationale ayant déployé plus de 7 000 observateurs, se montre prudent. « Il faut attendre les résultats de la HCC », a notamment déclaré Faraniaina Ramarosaona, l’une de ses responsables.
Le problème de ce pays, ce n’est pas la Ceni mais la haine et l’inimitié qui règne dans nos cœurs
Avant de donner les résultats, le président de la Ceni, Hery Rakotomanana, avait entamé la cérémonie par un discours aux allures de prêche. « Le problème de ce pays, ce n’est pas la Ceni mais la haine et l’inimitié qui règnent dans nos cœurs. Le problème, c’est notre déviation vis-à-vis de nos valeurs ancestrales et de la vérité. »
Puis il avait ajouté, s’adressant aux candidats : « Surtout, il n’est plus question, vraiment plus question, de revivre une crise qui serait catastrophique pour Madagascar. Souvenez-vous qu’il y a une majorité silencieuse qui suit de près et juge votre démarche. »
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