Des cafards et des hommes
Lorsqu’on découvre une blatte au pied de son lit, on a plus souvent envie de l’écraser que de s’interroger sur son état de santé. Pourtant, cet insecte peu attirant est un excellent sujet d’études pour les scientifiques qui travaillent sur les processus du vieillissement. Sa taille et la simplicité de son système nerveux facilitent les observations. En outre, des soins rudimentaires suffisent à sa survie: on installe les bestioles dans un seau en plastique dont les rebords sont badigeonnés de vaseline (pour décourager les évasions), et on leur jette de temps en temps de la pâtée pour chiens.
Christopher Comer, spécialiste en neurosciences de l’université de l’Illinois, à Chicago, s’intéresse à la fuite des blattes. Il a calculé que lorsqu’on lui souffle dessus, une blatte met 50 millisecondes avant de déguerpir. Si l’on touche ses antennes, elle réagit en 15 à 20 millisecondes, soit moins de temps qu’il ne nous en faut pour un battement de cils. En comparaison, le cerveau humain sollicité, par exemple, par une vive brûlure, laisse passer 200 millisecondes avant d’enregistrer l’information.
Mais les blattes vieillissent mal. Une collègue de Comer, Angela Ridgel, de la Case Western Reserve University de l’Ohio, a démontré, film à l’appui, que soixante semaines après leur dernière mue les blattes trébuchent lorsqu’elles se mettent à courir. Leurs pattes antérieures se prennent les pieds dans celles du milieu ! Et les très vieilles blattes mettent un temps fou à comprendre que le vent souffle…
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