Service militaire au Maroc : le projet de loi adopté par un Parlement marqué par l’absentéisme

Adopté le 26 décembre par une centaine d’élus présents au Parlement sur les 395 représentants, le projet de loi relatif au service militaire traduit la timidité des débats autour de ce sujet.

Le service militaire obligatoire devrait entrer en vigueur au Maroc dès septembre 2019 (image d’illustration). © KARIM SELMAOUI/POOL/AP/SIPA

Le service militaire obligatoire devrait entrer en vigueur au Maroc dès septembre 2019 (image d’illustration). © KARIM SELMAOUI/POOL/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 28 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Sur les réseaux sociaux, quelques internautes marocains ironisent et disent en substance : « On devrait rendre obligatoire la présence au Parlement avant de rendre obligatoire le service militaire ».

Durant la séance plénière consacrée à l’adoption du projet de loi numéro 44.18 relatif au service militaire, le 26 décembre, 104 élus ont voté dans un Parlement de 395 représentants.

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Adopté dans sa forme quasi-initiale

Le projet de loi porté par Abdellatif Loudiyi, ministre chargé de l’Administration de la Défense nationale, a été adopté à peu de choses près dans sa forme initiale. Le principal amendement apporté permet d’accorder aux appelés le droit de participer aux concours d’accès à la fonction publique annoncés pendant le service militaire.

Le service militaire obligatoire pourrait donc entrer en vigueur dès septembre 2019, avec une première promotion de 10 000 jeunes des deux sexes, une enveloppe de 500 millions de dirhams ayant été prévue à cet effet dans la loi de finances 2019.

Service volontaire VS obligatoire

Seulement deux élus ont voté contre le projet de loi : Omar Balafrej et Mustapha Chennaoui, de la Fédération de la gauche démocratique (FGD).« Nous avons fait une proposition alternative mais tout à fait crédible et logique », a expliqué Balafrej, qui a pris la parole au pupitre le jour du vote.

Les élus de la FGD ont ainsi proposé un « service national volontaire ». « De toute manière, 10 000 jeunes seulement participeront chaque année, alors pourquoi passer par l’obligation quand on peut privilégier le volontariat ? » Les élus de la FGD sont « convaincus que le service militaire peut en effet avoir des retombées positives », a souligné Balafrej, qui semble sur ce point d’accord avec le discours de rentrée parlementaire du roi Mohammed VI, prononcé en octobre et dans lequel il indiquait que « le service militaire renforce le sentiment d’appartenance nationale ».

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Les députés de la FGD ont proposé des encouragements à la conscription volontaire, notamment que le service soit reconnu pour faciliter l’entrée dans la fonction publique par voie de concours. « Le gouvernement avance que 100 000 jeunes au moins sont déjà enthousiasmés à l’idée du service, et je veux bien le croire, a poursuivi Balafrej, en soulignant : favorisons ceux-là ! »

Des partis marocains avaient pourtant commencé à s’emparer du débat autour de la réintroduction du service militaire, après son annonce en août dernier. L’Istiqlal avait par exemple exprimé sa préférence pour la solution du volontariat. Ses élus ont au final adopté le texte initial. Presque aucune personnalité politique n’a proposé de privilégier un service civique, tel que préconisé dans un rapport de 2018 du Conseil économique, social et environnemental (CESE), une institution consultative.

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Cette timidité de la classe politique à s’emparer du débat autour du service militaire a dénoté avec les réactions – parfois hostiles – de nombreux jeunes, dans les stades ou sur les réseaux sociaux, et la diffusion de fake news alarmistes dans la foulée de l’adoption du projet de loi par le gouvernement.

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