Matières premières : le ralentissement de la demande chinoise fragilise l’Afrique
L’Afrique, qui exporte surtout des matières premières, est la première victime du coup de frein de la croissance chinoise.
L’Afrique est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue son premier partenaire commercial et son premier investisseur. En 2020, elle a prévu de porter à 400 milliards de dollars ses échanges avec le continent. Or, celle-ci a vu sa croissance annuelle passer de 14 % en 2007 aux environs de 6 % en 2018.
1 % de recul de la croissance chinoise provoque dans les deux ans une chute moyenne de 6 % des prix des matières premières
Cela pèsera sur la croissance mondiale, et sur la croissance africaine en particulier. Car il ne faut pas oublier que c’est la Chine qui a déclenché, à partir de l’an 2000, le super-cycle des matières premières en dévorant en moyenne la moitié des ventes mondiales de minerais, de produits énergétiques et agricoles industriels. C’est son appétit féroce qui a provoqué une hausse de 140 % des prix des métaux entre 1998 et 2008. L’Afrique qui exporte surtout des matières premières en a bien profité et a porté grâce à elle son taux de croissance à plus de 5 % l’an pendant tout une décennie.
Le recul du dynamisme chinois, qui s’annonce durable, modifie considérablement la donne économique mondiale. En effet, la Banque mondiale a calculé que 1 % de recul de la croissance chinoise provoquait dans les deux ans une chute moyenne de 6 % des prix des matières premières. Les premiers signes de ce coup de frein sont perceptibles dans les statistiques de la Banque qui enregistrent un recul de 1,3 % des prix des produits de base non-énergétiques au troisième trimestre 2018.
Le pétrole pas épargné
Les causes de ce ralentissement sont plurielles. Il y a la guerre commerciale que le président américain mène à la Chine par le biais de la hausse des droits de douane sur les importations aux États-Unis de plusieurs produits chinois ; l’assainissement de son secteur financier et de ses collectivités locales qui a réduit le crédit disponible ; ou encore l’arrivée à maturité d’une économie qui se concentrer désormais avant tout à sa demande intérieure.
Le pétrole ne sera pas épargné par ce phénomène dépressif venu de Pékin. Son yoyo impressionnant – 86 dollars le baril de brent début octobre et 53 dollars le 28 décembre, soit -38 % en moins de trois mois – ne tient pas seulement aux incohérences de Donald Trump qui exige de l’Arabie saoudite qu’elle accroisse sa production pour faire baisser le prix du pétrole, mais qui impose un embargo à l’Iran, ce qui devrait le faire monter !
Le tassement de la croissance de la Chine a pour conséquence une diminution de sa fringale d’hydrocarbures qui pèse sur leurs prix.
Un diversification plus nécessaire que jamais
Dans ces conditions, malheur aux pays africains qui miseront sur un retour aux années fastes d’une croissance tirée par la formidable résurrection chinoise ! Ni le pétrole, ni le gaz, ni le charbon, ni le cuivre, ni le fer, ni le manganèse, ni l’or, ni le coltane, ni l’alumine, ni le coton, etc. ne gonfleront leurs ressources au niveau dont ils rêvent pour répondre aux énormes besoins de leurs populations en infrastructures comme en services publics.
Le retrait chinois autorise encore moins que par le passé de laisser filer les déficits budgétaires ou commerciaux. Il rend plus nécessaire que jamais la diversification des économies africaines, le développement de leur secteur privé et la mise en commun de leurs richesses afin de gagner en autonomie pour se préserver des tempêtes venus d’ailleurs et, par dessus tout, pour créer les dizaines de millions d’emplois nécessaires à leur jeunesse.
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