Dans les rues de Khartoum, les manifestants face aux gaz lacrymogènes

Les forces anti-émeutes ont tiré lundi 31 décembre des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Khartoum qui planifient de défiler jusqu’au palais présidentiel, sur fond de protestations antigouvernementales au Soudan.

Des manifestants soudanais à Khartoum, le 31 décembre 2018. © AFP

Des manifestants soudanais à Khartoum, le 31 décembre 2018. © AFP

Publié le 31 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Une foule d’hommes et de femmes scandant « Liberté, Paix et Justice » et la « révolution est le choix du peuple », s’est rassemblée dans le centre de la capitale soudanaise, mais les policiers sont aussitôt intervenus en tirant des gaz lacrymogènes, ont indiqué des témoins à l’AFP.

Des centaines de policiers, membres des forces de sécurité et même des soldats ont été déployés à Khartoum dès le matin pour empêcher une marche des manifestations en direction du palais du président Omar el-Béchir.

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Certains policiers étaient à bord de pick-up avec des mitrailleuses, selon les témoins.

C’est un groupe de la société civile rassemblant médecins, enseignants, professeurs et ingénieurs, qui a appelé à la marche de lundi 31 décembre.

« Nous défilerons en direction du palais présidentiel en appelant le président Omar al-Béchir à partir », a dit le groupe qui se présente sous le nom de l’Association soudanaise des Professionnels.

Des dizaines de morts

Abdel Wahid Nur, chef du groupe rebelle de l’Armée de libération du Soudan (SLA) au Darfour (ouest), a appelé ses partisans à se joindre à la manifestation.

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Dimanche, Béchir a appelé la police à s’abstenir de recourir à une force excessive contre les manifestants qui protestent depuis le 19 décembre dans plusieurs villes du pays contre la hausse du prix du pain.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, selon les autorités qui affirment que la plupart des manifestants ont été victimes d’ »incidents liés au pillage ». Amnesty International évoque un bilan de 37 morts.

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Les protestations contre la hausse du prix du pain se sont transformées ensuite en manifestations antigouvernementales.

Des revendications politiques

La contestation se concentre autour du prix du pain, passé mi-décembre d’une livre soudanaise (1 centime d’euro) à trois alors que le Soudan connaît un marasme économique aggravant les conditions de vie de la population.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l’inflation s’établir à près de 70% annuellement, tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain. Des pénuries de pain et de carburants touchent plusieurs villes.

« Nous reconnaissons que nous avons des problèmes économiques, mais ils ne peuvent pas être résolus par des destructions, des pillages et des vols », a dit Béchir en référence à des bâtiments et des bureaux de son parti incendiés par les manifestants.

Au-delà des revendications sociales, parmi les manifestants certains avaient réclamé aussi « la chute du régime » de Béchir, au pouvoir depuis 1989.

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