Rood Woko bientôt ressuscité ?
Un incendie avait dévasté le marché central de Ouagadougou il y a trois ans. Sa reconstruction commence enfin et devrait dynamiser l’activité de la cité.
Plus de 1 395 m2 de plancher à déblayer, vingt-deux poteaux à scier, dix portiques à faire exploser : c’est un vaste chantier qui a été lancé, le 16 juin dernier, au marché central Rood Woko de Ouagadougou. Victime d’un incendie le 27 mai 2003, il va maintenant être en partie démoli. À cette première phase de travaux prise charge par le groupe BTP burkinabè Fadoul Technibois succédera la reconstruction du site proprement dit, à partir de la mi-octobre si les délais sont respectés. Parmi les trois scénarios envisagés, le moins onéreux a été choisi. Moyennant quelques aménagements – le nombre de places officiellement disponibles devrait, notamment, passer de 2 659 à près de 3 100 -, il prévoit une réhabilitation à l’identique. Coût estimé de l’opération : 4,9 milliards de F CFA (7,5 millions d’euros).
L’événement était attendu avec impatience par les Ouagalais. Et pour cause : depuis plus de trois ans, le marché expose ses plaies béantes en plein cur de la cité. Montagne de gravats, murs fissurés, piliers, kiosques et étals maculés de poussière et de suie : jamais les stigmates de l’incendie qui l’a ravagé n’ont été effacés. Dans les allées, planches, étagères et bidons en plastique renversés jonchent encore le sol, vestiges de la panique des marchands et des clients au moment du sinistre. Contorsionnées, certaines tôles servant de toitures aux échoppes menacent toujours de tomber. Un silence de mort a longtemps régné dans les allées.
L’impact de la catastrophe est tel que sa simple évocation provoque, aujourd’hui encore, tristesse et consternation au sein de la population. « Rood Woko faisait la fierté des Burkinabè, se désole Jean-Marie Ouédraogo, chef du détachement de la police municipale des marchés. Son rayonnement s’étendait à l’ensemble de la sous-région. Togolais, Maliens, Nigériens : tous s’y rendaient pour se ravitailler », explique l’officier. « En plus de ses 2 659 places officiellement attribuées, plus de 2 600 autres étaient squattées. Mais, selon une estimation, jusqu’à 10 000 personnes vivaient ici grâce au marché », ajoute Ouibié Oumar Niangao, directeur de la Régie autonome de gestion des équipements marchands (Ragem) de la ville de Ouagadougou.
Le jour de la catastrophe, quelque 5 200 commerçants s’affairent derrière leurs comptoirs quand soudain, vers 7 h 30 du matin, une voix s’écrie : « Au feu ! » Chacun se précipite vers la sortie. Miraculeusement, ni morts ni blessés ne sont à déplorer. Mais à l’intérieur, les flammes dévorent tout sur leur passage. Tissus, nattes, chaussures, matériel informatique : une bonne partie des marchandises part en fumée. Un quart du bâtiment est réduit en cendres. Les pompiers mettent trois jours pour venir à bout du brasier.
À l’époque, beaucoup de rumeurs ont circulé sur les causes de l’incendie. La plus répandue laissait entendre que la mairie de Ouagadougou elle-même avait ordonné la destruction de Rood Woko. Elle aurait voulu remplacer par un centre commercial dernier cri cet espace devenu, selon elle, anarchique et difficile à contrôler. Une version des faits qui provoque la colère du maire de la capitale, Simon Compaoré. « Ce sont des insanités, un pétard mouillé ! Jamais nous n’aurions fait une chose pareille, s’emporte l’édile. Je connais la valeur de ces infrastructures. À travers ces accusations, on a voulu exploiter l’affaire politiquement. Mais des enquêtes ont été menées. Et désormais, tous les commerçants sont d’accord avec les résultats auxquels elles ont abouti ! »
Des conclusions qui indiquent que le feu s’est accidentellement déclenché lorsqu’un marchand a voulu mettre en route un groupe électrogène. À l’époque, ils étaient nombreux à en posséder, l’électricité étant coupée dans le marché. Une opération de nettoyage des branchements pirates était en cours pour remettre le bâtiment aux normes de sécurité. Depuis décembre 2001, en effet, Rood Woko n’était plus assuré : estimant que les conditions de sécurité n’étaient pas réunies, la compagnie d’assurance avec laquelle la mairie était liée avait résilié le contrat entre les deux parties. Une situation qui a fini par coûter cher à la municipalité, puisqu’elle est aujourd’hui obligée de s’endetter pour réanimer l’ex-poumon économique de la cité au plus grand bonheur de ses habitants.
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