Obasanjo, roi du chamboule-tout

Publié le 26 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

A moins d’un an de la présidentielle d’avril 2007, le président nigérian Olusegun Obasanjo a annoncé le 21 juin, à la surprise générale, un remaniement du gouvernement fédéral. Le deuxième en moins d’un mois, ce qui témoigne sans doute d’une certaine fébrilité.
Nora Chinwe Obaji, la ministre de l’Éducation, est limogée sans explication, les autres ne font que changer de fauteuil. Oby Ezekwisili reprend son portefeuille, tout en conservant celui des Minéraux solides, le temps de lui trouver un remplaçant. Ngozi Okonjo-Iweala se voit confier les Affaires étrangères et abandonne les Finances à son ex-vice-ministre, Nenadi Usman. Elle conserve néanmoins, au sein du cabinet d’Obasanjo, la direction des réformes économiques qu’elle assure depuis juillet 2003. Olu Adeniji, le désormais ex-chef de la diplomatie, devient ministre de l’Intérieur.
Bien entendu, tout le monde s’interroge sur le sens de l’opération. Pourquoi des techniciens reconnus pour leur compétence sont-ils écartés de leur domaine de prédilection ? Le président place-t-il ses pions en prévision de l’échéance de 2007 ? Le cas de Ngozi Okonjo-Iweala, notamment, laisse perplexe. Informée de son changement d’affectation quelques minutes avant l’intervention du chef de l’État, cette ancienne vice-présidente de la Banque mondiale est généralement créditée des bonnes performances économiques de son pays et des résultats obtenus dans la lutte contre la corruption. Mais ce bilan flatteur lui vaut de la défiance de quelques responsables politiques, qui ne souhaitent en réalité qu’une chose : avoir les mains libres en cette période préélectorale. Certains sont donc tentés d’interpréter son passage de l’Économie aux Affaires étrangères comme une sanction déguisée. Elle paierait aussi la tiédeur de son soutien aux velléités du président de briguer un troisième mandat…
Le ministère dont elle hérite est cependant bien plus qu’un simple lot de consolation. La diplomatie reste un ministère prestigieux, surtout dans un pays omniprésent sur la scène continentale et qui a de plus en plus tendance à s’ériger en porte-parole de l’Afrique. Son nouveau poste donnera à Okonjo-Iweala une meilleure visibilité internationale et la conduira à s’impliquer dans toute une série de dossiers ultrasensibles, du Darfour à la Côte d’Ivoire. Une manière de la préparer à des fonctions encore plus importantes ?

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