[Chronique] Un Ghanéen attaque l’armée britannique pour non-assistance à personne frigorifiée
Un ancien soldat né au Ghana a intenté un procès contre le ministère britannique de la Défense pour ne pas lui avoir permis de se protéger convenablement du froid…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.
Né au Ghana, Michael Asiamah gère aujourd’hui une église évangélique à Tidworth, dans le Wiltshire, au sud de l’Angleterre. Jusqu’en octobre 2016, il servait dans le « Adjutant General’s Corps » responsable de plusieurs services administratifs généraux des forces armées de Sa Majesté Elizabeth II. Comme le rapporte notamment le quotidien britannique The Times, il participa, il y a plusieurs années, à 18 heures de manœuvres dans le glacial comté anglais de Leicestershire, précisément à Salisbury Plain et Naseby Battlefield.
Des séquelles en dessous des 15° C
Devant une Haute Cour, il accuse aujourd’hui les autorités militaires de ne pas l’avoir assez protégé des rudesses de l’hiver britannique. Une affection liée au froid l’aurait douloureusement « engourdi », compromettant irrémédiablement la carrière d’instructeur d’éducation physique à laquelle il se destinait. Il souffrirait toujours de séquelles dès que les températures sont inférieures à 15° C.
Selon le plaignant, ses supérieurs hiérarchiques auraient failli en ne l’avertissant pas explicitement des rudesses du climat britannique. Un porte-parole du ministère de la Défense rétorque que Michael Asiamah aurait reçu, comme tous ses collègues, « les vêtements, l’équipement et la formation appropriés », notamment des gants, des chaussettes et des bottes d’hiver. En réalité, le soldat frigorifié hurle moins à la discrimination négative qu’il ne revendiquait, à l’époque, une discrimination positive.
Une étude de 2009 indique que les soldats noirs sont 30 fois plus susceptibles d’être blessés par le froid que leurs collègues
Une sensibilité particulière aux soldats noirs ?
Au moment des faits, il aurait invoqué, sans succès, sa sensibilité au froid, non comme un caprice ou une fragilité personnelle difficile à prouver sur place, mais comme une vulnérabilité formelle de toute personne originaire des Caraïbes et d’Afrique. Ses supérieurs n’auraient pas tenu compte des risques spécifiques de blessures au froid et lui aurait demandé de continuer les exercices dans le vent glacial et le gel.
Devant la justice, Michael Asiamah brandit aujourd’hui une étude britannique de 2009 selon laquelle les soldats noirs sont 30 fois plus susceptibles d’être blessés par le froid que leurs collègues blancs. L’ancien soldat transi réclame 150 000 £ de dédommagement, soit environ 110 millions de francs CFA.
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