Intimement liés

Débouché maritime naturel de son voisin éthiopien, Djibouti vit en étroite symbiose avec Addis-Abeba. Et multiplie les projets communs.

Publié le 26 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

Les liens historiques et humains qui lient Djibouti à son voisin éthiopien sont multiples. L’actuel président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, n’est-il pas natif de Dire Daoua, ville située en territoire éthiopien ? L’accession de l’Érythrée à l’indépendance en mai 1993 a encore renforcé les relations entre les deux pays. Privé de façade maritime, Addis-Abeba s’est résolument tourné vers le port de Djibouti pour ses échanges commerciaux avec le reste du monde. Conséquence : la voie ferrée qui relie les deux capitales est un axe stratégique. Aussi sa privatisation fait-elle l’objet de la plus haute attention.
Construite entre 1898 et 1917, cette ligne est aujourd’hui exploitée par la Compagnie ferroviaire éthio-djibouti. Le processus de privatisation de la société, destiné à moderniser et à développer ses services, va bénéficier notamment de l’aide financière et technique de l’Union européenne. Et c’est la société sud-africaine Comazar qui a été choisie pour gérer la ligne ferroviaire au cours des vingt-cinq prochaines années. Une fois sa gestion transférée à Comazar, cette infrastructure sera dotée d’équipements modernes qui lui permettront d’augmenter à 1,5 million de tonnes par an sa capacité de transports de marchandises, contre 240 000 tonnes actuellement.
Autre dossier sur lequel la coopération progresse, l’interconnexion électrique entre les deux pays. En projet depuis 1999, elle devrait se concrétiser prochainement. Chargées de la réalisation des infrastructures nécessaires à cette interconnexion, EDD (Électricité de Djibouti) et EEPCO (Ethiopian Electricity Corporation) ont signé le 21 avril dernier le contrat d’achat d’énergie entre les deux sociétés ainsi que le contrat de construction, d’exploitation et de maintenance de la ligne électrique nécessaire.
Une fois l’étude de faisabilité réactualisée et le dossier technique bouclé, EDD et EEPCO vont procéder à l’appel d’offres. Le financement des travaux (d’un montant de 60 millions de dollars) sera assuré par la Banque africaine de développement (BAD). Ce projet d’intégration régionale comprend l’installation de 366 km de lignes de transport entre Diré Daoua, Djibouti et Ali-Sabieh, et de 230 km de réseau de distribution entre Diré Daoua et Dawanlé. Il prévoit enfin l’installation de quatre postes de transformation.
Il inclut en outre un volet d’électrification des villes frontalières, ce qui devrait accroître son impact sur l’économie et sur les populations résidant dans la zone que traversera la ligne. On estime qu’il faudra environ trois ans pour le projet puisse entrer en phase d’exploitation. À l’instar des énergies éolienne, géothermique et solaire, l’interconnexion est perçue par les dirigeants djiboutiens comme une alternative aux hydrocarbures, dont les prix ne cessent de croître.
Enfin, outre la coopération énergétique et ferroviaire, le développement des ports de Djibouti et de Doraleh intéresse de près l’Éthiopie. La construction d’un terminal pétrolier ultramoderne à Doraleh vise notamment à répondre aux besoins énergétiques des 77 millions d’Éthiopiens. La modernisation du Port autonome de Djibouti répond également à cette logique. Ainsi, l’accord de prêt pour le financement du développement du terminal vraquier du PAD vient d’être signé avec les bailleurs de fonds. Le montant de la transaction atteint 14 millions de dollars, dont 10 millions octroyés par la BAD et 4 millions par la Société islamique pour le développement du secteur privé, filiale de la Banque islamique de développement (BID), pour un coût global de 38 millions de dollars. Le reste du financement provient de la Société djboutienne de gestion du terminal vraquier (SDTV) du Port autonome. Cette société, qui appartient à l’opérateur saoudien Mohamed al-Amoudi, vise à concrétiser l’exploitation d’un terminal vraquier pour le stockage et le traitement des importations de grandes quantités de céréales destinées à l’Éthiopie et aux autres pays de la sous-région.
La SDTV précise que ce fonds permettra de doter le site d’un silo à céréales d’une capacité de 40 000 tonnes, d’une usine d’ensachage et d’une grue de quai montée sur rail notamment. Ces nouveaux équipements permettront d’améliorer le rendement des activités de déchargement des navires faisant escale au PAD. Ce terminal vraquier est conçu pour assurer le traitement d’environ 1 million de tonnes par an. Et comme l’a rappelé le représentant de la Société islamique pour le développement du secteur privé, Marwan Seif al-Dein lors de la cérémonie de signature, ce financement ne concerne pas que Djibouti. « Ce projet présente un intérêt considérable en matière de sécurité alimentaire non seulement pour la République de Djibouti, mais aussi pour les pays voisins qui ont tous besoin de se constituer d’un stock stratégique de céréales et d’engrais afin de faire face aux vagues de sécheresse néfastes à l’économie et à la population. »

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