Dette cachée du Mozambique : un ancien ministre et trois ex-banquiers du Crédit suisse inculpés aux États-Unis
Cinq interpellations ont eu lieu, entre le 29 décembre 2018 et le 3 janvier 2019, dans le cadre de l’enquête sur la « dette cachée » du Mozambique, emprunts réalisés en 2013 et 2014 par trois entreprises publiques qui avaient précipité le pays dans une grave crise financière.
Interpellé le 29 décembre 2018 en Afrique du Sud, Manuel Chang, ministre mozambicain des Finances de 2005 à 2015, est actuellement en détention provisoire dans l’attente de l’examen d’une demande d’extradition présentée par les autorités américaines.
L’ancien ministre a été inculpé le 3 janvier à New York. Il est accusé d’avoir garanti, au nom de son pays, deux milliards de dollars (1,75 milliard d’euros) d’emprunts en échange de pots-de-vin – il aurait perçu au moins sept millions de dollars, selon les premiers éléments de l’enquête.
Ces emprunts avaient été souscrits, sans que Maputo en informe le FMI, par trois entreprises à capitaux publics liées aux services secrets et au ministère de la Défense mozambicains, officiellement pour acheter du matériel de surveillance maritime et des navires – des projets qui n’ont jamais vu le jour. La découverte de cette affaire, en avril 2016, a fait exploser la dette du pays, passée de 86 % du PIB en 2015 à 130 % en 2016, et provoqué le gel des aides du FMI et de plusieurs bailleurs majeurs, plongeant le Mozambique dans une profonde crise économique et financière.
« Possible engagement » du FMI en 2019
Outre Manuel Chang, 63 ans, ont été inculpés l’homme d’affaires libanais Jean Boustani, qui avait coordonné le montage, et trois anciens banquiers d’affaires du Crédit Suisse, interpellés le 3 janvier à Londres avant d’être remis en liberté sous caution. Tous auraient perçu des pots-de-vin pour avoir facilité les prêts. Ils sont aussi inculpés pour abus de confiance, dans le cadre de la procédure lancée par le procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue.
C’est parce que les fonds ont transité par les États-Unis que la justice américaine s’est saisie de cette affaire
C’est parce que les fonds ont transité par les États-Unis que la justice américaine s’est saisie de cette affaire, même si aucun des cinq hommes inculpés ne travaillait ou ne résidait dans ce pays.
Le Mozambique, qui a fait défaut sur le paiement des intérêts de son eurobond en 2016, est parvenu début novembre à conclure un accord de principe avec une partie de ses créanciers pour la renégociation des termes de son emprunt. Même si l’eurobond en cause (5 % du PIB) reste marginal en comparaison des 113 % du PIB que représentait l’ensemble de la dette du pays en 2017, cette annonce a laissé entrevoir à Maputo un éclaircissement de sa situation financière.
En outre, deux missions du FMI, en août et en novembre 2018, ont permis de lancer les discussions avec les autorités pour un « possible engagement » de l’organisation financière en 2019.
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