Accueil quatre étoiles

La construction d’un palace de très haut standing financée par des investisseurs étrangers devrait doper un secteur déjà en plein essor.

Publié le 26 juin 2006 Lecture : 4 minutes.

Djibouti reste mal connu des voyagistes. Pourtant, le pays possède tous les atouts pour devenir une destination majeure. « De la plongée sous-marine au tourisme d’aventure, de la pêche sportive aux sensations fortes du char à voile, de l’exploration géologique à l’observation ornithologique, du trekking à la découverte du monde nomade, notre offre est parmi les plus riches et les plus diversifiées, s’enthousiasme Mohamed Abdillahi Wais, le directeur de l’Office national du tourisme djiboutien (ONTD). Mais nous avons longtemps souffert d’un manque de visibilité, d’un déficit de notoriété. Nous en avons assez d’être réduits à une image de pays garnison. » Depuis son arrivée à la tête de l’ONTD, il y a un peu plus de cinq ans, ce dynamique quadragénaire a multiplié les actions ciblées, en direction des marchés émetteurs européens. En partant d’un constat pragmatique : Djibouti n’a ni les moyens ni l’ambition d’accueillir un tourisme de masse, comme la Tunisie ou le Maroc. En revanche, il peut et doit investir une multitude de niches porteuses. Avantage de cette stratégie : moins onéreuse qu’une campagne de communication et d’affichage classique, elle permet, via des actions ciblées dans la presse spécialisée et des opérations de relations publiques, de s’adresser directement à la clientèle visée, par exemple les amateurs de fonds sous-marins.
Djibouti a accueilli l’an passé 30 250 touristes. Soit 13 % de plus que l’année précédente, et presque 50 % de plus qu’en 2000. Un chiffre encore modeste, mais qui montre un frémissement. Les Français représentent 59 % des visiteurs. Ils sont suivis par les ressortissants des autres pays d’Europe, dont la part, en nette progression, est passée de 8 % à 15 % du total. Un touriste y séjourne en moyenne deux semaines. Le secteur a généré des recettes de l’ordre d’environ 1,2 milliard de francs djiboutiens (FD) en 2005. Et a bénéficié à plein de « l’effet tsunami ». La vague géante qui a semé la désolation sur les côtes indonésiennes, thaïlandaises et sri lankaises le 26 décembre 2004 a également dévasté les fonds marins. Ce qui a poussé les tour-opérateurs spécialisés dans la plongée à se tourner vers des destinations nouvelles Djibouti, qui a renforcé ses capacités d’accueil avec la construction d’un complexe touristique et d’un centre de plongée sur l’île de Moucha, sur la côte nord, commence donc à tirer son épingle du jeu. D’autres segments encore sous-exploités, comme le tourisme géologique et l’écotourisme (voir « Profil » p. 70), ont été identifiés et devraient faire l’objet d’actions de promotion spécifiques.
Le développement du tourisme continue cependant à souffrir du coût de la destination – Djibouti est un des pays les plus chers d’Afrique – et du sous-équipement hôtelier. Le taux d’occupation des lits frise 85 % dans la capitale. Mais celle-ci ne compte que 685 chambres et un seul établissement de grande dimension, le Sheraton, avec 185 lits, souvent complet. Très apprécié des militaires européens en mission en mer Rouge, il est un petit peu excentré. L’intérieur du pays ne dispose d’aucune structure, hormis de rustiques mais charmants gîtes ruraux, à proximité de quelques sites remarquables (campements nomades au lac Abbé, Dittilou, dans la forêt du Day, et Randa). Une situation appelée à changer dès octobre 2006. C’est à cette date en effet que le Kempinski Palace Hotel de Djibouti, un établissement de grand standing ultramoderne de 400 chambres, équipé d’un centre de conférences international, devrait être inauguré. Juste à temps pour accueillir le 11e sommet des chefs d’État du Marché commun des pays de l’Afrique de l’Est et australe (Comesa), prévu début novembre.
Des ouvriers du Sud-Est asiatique travaillent d’arrache-pied sur le site, mais ne parviendront pas à livrer l’intégralité de l’hôtel dans les délais : les travaux ont commencé trop tard. Mais, c’est promis, 220 chambres seront disponibles et le centre de conférences sera opérationnel en novembre : c’est suffisant pour assurer la réussite de l’événement. Le Kempinski Palace Hotel de Djibouti est le fruit d’un partenariat entre la chaîne hôtelière internationale éponyme et la société Al Nakheel de Dubaï, dirigée par Sultan Ahmed bin Sulayem, et spécialisée dans la promotion immobilière aux Émirats. Elle est notamment à l’origine de chantiers pharaoniques, comme celui des îles artificielles en forme de palmiers ou de mappemonde. L’investissement, entièrement supporté par les opérateurs émiratis, est colossal : 130 millions de dollars. Plusieurs projets d’extension sont déjà dans les cartons. Dans sa configuration finale, l’hôtel pourrait offrir une capacité d’accueil de 1 000 chambres et être doté d’une marina ! Le choix de Djibouti ne doit rien au hasard : le nouveau port de Doraleh et la zone franche de 300 hectares, tous deux gérés par DP World (Dubai Ports World) vont générer une importante clientèle d’affaires.
« Nos partenaires possèdent un savoir-faire reconnu, ils ont l’expérience des mégaprojets, se réjouit Mohamed Abdillahi Wais. Cet hôtel sera un outil extraordinaire pour la notoriété et l’image de Djibouti. » Même si, on s’en doute, il ne sera pas à la portée de toutes les bourses, il devrait donner un coup de fouet aux commerces et à l’artisanat local. L’unique école hôtelière du pays, celle d’Arta, a fermé ses portes il y a deux ans. Elle va rouvrir sous la houlette de coopérants tunisiens. Mohamed Abdillahi Wais estime à environ 6,5 milliards de FD les retombées potentielles directes et indirectes du tourisme sur l’économie locale.

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