Tunisie : une erreur humaine à l’origine de la collision entre deux navires tunisien et chypriote

Plus de trois mois après l’affaire très controversée de la collision entre un roulier rattaché à la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) et un porte-conteneurs chypriote au large de la Corse, la commission d’enquête a rendu son verdict. Elle annonce une erreur humaine commune.

La collision entre les navires tunisien et chypriote s’est produite le 7 octobre au large de la Corse. © Youtube

La collision entre les navires tunisien et chypriote s’est produite le 7 octobre au large de la Corse. © Youtube

Publié le 7 janvier 2019 Lecture : 3 minutes.

La collision entre un navire tunisien et un porte-conteneur chypriote, qui avait entraîné une pollution au large de la Corse en octobre, est due à une rocambolesque série d’erreurs humaines, selon un rapport d’enquête présenté lundi 7 janvier à Tunis. Cette collision survenue de plein fouet, intervenue le 7 octobre au matin alors que le bateau chypriote était à l’arrêt, avait nécessité plusieurs jours de manœuvres pour désencastrer les navires et pomper les 600 m3 de carburant qui s’étaient échappés de leurs soutes.

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Selon le rapport de la commission d’enquête tuniso-franco-chypriote, présenté lundi par le ministère tunisien des Transports, l’officier de quart tunisien de l’Ulysse bavardait au téléphone, et son homologue sur le porte-conteneurs chypriote Virginia n’a pas non plus été attentif aux alarmes des radars. Le Virginia avait en outre jeté l’ancre au milieu d’une véritable « autoroute de la mer », selon ce rapport.

« Une erreur partagée »

« Cet accident est dû à une erreur humaine partagée entre l’équipage du navire tunisien et celui du navire chypriote », a déclaré Youssef Ben Romdhane, directeur général du transport maritime au sein du ministère tunisien du commerce. « Le capitaine du navire tunisien était occupé (…) à passer des appels téléphoniques privés. Il était loin de l’écran radar qui prévient en cas de danger. Il était seul », a-t-il précisé.

Le jour de l’accident,  le ministre français de la Transition écologique, François de Rugy, qui s’est rendu sur place en hélicoptère, avait affirmé : « Le comportement du navire roulier tunisien est complètement anormal. À ce stade, on ne peut pas dire ce qu’il s’est passé, mais il est évident qu’il n’y a pas eu de veille à la barre du navire roulier. Sinon, la collision aurait pu être évitée. »

C’est la première fois qu’un navire mouille à cet endroit, situé sur une route maritime utilisée par les navires marchands

En outre, le navire chypriote mouillait dans une zone « non adéquate », a ajouté Youssef Ben Romdhane. « Selon le témoignage d’un gradé de la tour de contrôle en Corse, c’est la première fois qu’un navire mouille à cet endroit », situé sur « une route maritime utilisée par les navires marchands ». Le Virginia aurait jeté l’ancre là sous pression de son armateur, a indiqué le directeur, citant le rapport d’enquête.

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Au moment des faits, le ministre du Transport, Radhouane Ayara, tout en admettant la responsabilité tunisienne, avait soutenu que si « le navire tunisien n’a rien fait pour éviter la collision, le chypriote aurait pu prendre ses dispositions ». La CTN s’est aussi attachée les services de trois bureaux d’avocats, pour porter plainte contre la partie chypriote et lui faire endosser une part de responsabilité dans ce dommage.

13,5 millions d’euros de dommages

Les deux bateaux ont le même assureur. Ce dernier a estimé à 13,5 millions d’euros maximum le montant total des dommages subis par les navires, sans compter le nettoyage des côtes, évalué provisoirement à 10 millions d’euros environ, selon Youssef Ben Romdhane. Si aucune perte humaine n’a été enregistrée, la brèche résultant de la collision a laissé s’échapper quelque 600 tonnes de fioul de propulsion.

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En remplacement de l’Ulysse, la CTN a également loué un navire pour 20 000 euros par jour, soit l’équivalent de 68 000 dinars tunisiens. Youssef Ben Romdhane a aussi annoncé que la compagnie continuera à exploiter ce navire jusqu’au mois d’avril prochain, en attendant la fin des travaux de réparation du navire Ulysse. La justice maritime devra trancher et établir les responsabilités précises. Les deux capitaines tunisiens ont été licenciés, a indiqué le directeur général du transport maritime, sans préciser le sort de leurs homologues sur le navire chypriote.

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Plusieurs membres de l’équipage tunisien avaient déjà été mis à pied plusieurs mois par la Compagnie tunisienne de navigation (CTN), pour avoir diffusé une vidéo tournée alors qu’ils étaient immobilisés à bord de l’Ulysse, dans laquelle ils minimisaient l’accident, et se moquaient des critiques. « Notre moral est au beau fixe. Il y a eu un petit problème (…) Ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent, qu’ils se taisent. Ceux qui disent que la mer est grande, vos conneries le sont encore plus », avait alors affirmé devant la caméra un membre de l’équipage.

Plus de 12 navires, notamment des marines française et italienne, avaient été mobilisés pour la dépollution de la zone. Le maire d’une ville côtière française, Ramatuelle, avait déposé plainte pour la pollution de la célèbre plage de Pampelonne, dans le Golfe de Saint-Tropez, par des boulettes d’hydrocarbure provenant selon lui de la collision.

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