Sénégal : à Dakar, la Chine réaffirme ses engagements
Réalisation d’une nouvelle autoroute, d’un nouveau siège pour la diplomatie sénégalaise… En visite à Dakar, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a réaffirmé la coopération entre les deux pays et le soutien de Pékin dans des projets d’infrastructure.
Après Addis-Abeba, Banjul et Ouagadougou, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a terminé sa tournée africaine par l’étape dakaroise. Parmi les déclarations les plus importantes : celles relatives à la coopération et aux projets financés par le gouvernement chinois. Selon le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, l’empire du Milieu a promis de financer la construction de l’autoroute Mbour-Fatick-Kaolack – intégré dans le projet de smart city (« ville intelligente ») de Diamniadio, destiné à réduire la fracture numérique dans le pays –, ainsi que d’un nouveau siège pour le ministère sénégalais des Affaires étrangères.
Ces dernières années, en matière de coopération bilatérale, l’axe Dakar-Pékin a connu une accélération tous azimuts. La Chine a ainsi multiplié la construction d’infrastructures dans de nombreux secteurs (énergie, transport, santé, culture, etc.). La dernière en date est l’autoroute à péage Thiès-Touba, appelée « Ila Touba » et réalisée par la China Road and Bridge Corporation (CRBC) sur des prêts chinois (416 milliards de francs CFA, soit 634 millions d’euros) à des taux très préférentiels. Mise en service fin décembre dernier, sa gestion a également été confiée à une entreprise chinoise.
Durant la même année, l’arène nationale de lutte (co-inaugurée à Dakar par les présidents Macky Sall et Xi Jinping en juillet dernier), le Musée des civilisations noires (MCN) et une dizaine de stades régionaux, déjà réceptionnés, ont tous été construits sur des financements chinois.
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« Le principe d’une Chine unique » soutenu par Dakar
Pour le ministre Wang Yi, « les relations entre les deux pays sont entrées dans une nouvelle phase de développement et l’amitié et la confiance mutuelle entre les deux pays sont à leur paroxysme ». Le chef de l’État sénégalais Macky Sall copréside avec son homologue chinois Xi Jinping le Forum de coopération Chine-Afrique (Focac). Son homologue sénégalais Sidiki Kaba, qui a loué la vitalité de ces relations, a certifié que Dakar soutenait plus que jamais « le principe d’une Chine unique », une allusion au conflit de souveraineté opposant Pékin à Taipei.
En janvier 1996, sous Abdou Diouf, le Sénégal avait rompu ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, au profit de Taïwan. Son successeur Abdoulaye Wade les avait renouées en octobre 2005.
Des questions sensibles passées sous silence
Le soutien au Plan Sénégal émergent (PSE) a également suscité l’enthousiasme de Pékin. Sa deuxième phase, officiellement lancée fin décembre dernier à Paris, recevra une enveloppe de 60 milliards de F CFA de Pékin. Au total, selon sa représentation diplomatique à Dakar, la Chine reste l’un des tous premiers bailleurs de la première partie du PSE avec un montant global de 800 milliards de F CFA injectés durant ces cinq dernières années.
Au cours de la conférence de presse animée par les deux ministres des Affaires étrangères, certaines questions sensibles ont été soigneusement évitées, les questions des journalistes étant notamment triées sur le volet. L’omniprésence des entreprises chinoises au Sénégal ou l’endettement de Dakar vis-à-vis de la Pékin n’ont par exemple pas été évoqués.
Ce qui n’a pas empêché certains médias locaux de pointer le risque d’un espionnage de la part de Pékin, qui s’est engagé à offrir à Dakar un nouveau siège pour sa diplomatie. La presse internationale avait en effet révélé en janvier 2018 que les Chinois qui avaient construit le siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba, faisaient acheminer le contenu des serveurs de l’institution à Shangaï.
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