Mirages, ô mirages

Publié le 26 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

L’impact urbanistique des mégaprojets immobiliers des investisseurs du Golfe au Maghreb reste encore à évaluer précisément. Tout comme les conséquences sociales. L’arrivée massive de ces investisseurs va-t-elle changer les Maghrébins? On sait déjà que le visage et l’identité de vieilles cités méditerranéennes comme Tunis ou Alger risquent de s’en trouver considérablement, et peut-être même définitivement, altérés. Gratte-ciel de cent étages, hôtels sept étoiles, résidences de standing, golfs, marinas, parcs d’attractions : les contours des villes nouvelles estampillées Sama Dubai, Boukhater, Emaar ou Al Maabar laissent perplexes les professionnels locaux : « Tout cela ressemble à du préfabriqué, on a pioché des éléments çà et là, c’est terriblement formaté, passe-partout, estime A., un jeune architecte tunisien. Ces projets portent la griffe de promoteurs et ne témoignent d’aucun effort de réflexion urbaine. On est aux antipodes du style traditionnel méditerranéen, fait de constructions basses, blanches, sobres, sans fioritures. D’après ce que j’en ai vu, il ne s’agit de rien d’autre que d’enclaves pour privilégiés. Et leur implantation sur les berges non encore aménagées du lac de Tunis pose problème. Car cette zone constituait notre carte maîtresse pour les développements futurs de la ville. Je me demande si on n’est pas en train de la gaspiller. »

Le sentiment de malaise exprimé par A. est loin d’être isolé. Il reste cependant diffus. Parce que les enjeux sont complexes, et pas forcément toujours identifiables pour le commun des mortels. Problème : rien n’a été fait pour les expliciter. Si le paysage des villes est amené à être modifié, personne n’a pris le soin d’en présenter les avantages aux résidents. Problème de méthode ou problème de fond ? L’autre inconnue réside dans le coût environnemental et écologique des grands chantiers. Là aussi, l’exemple tunisien est éloquent. Tunis Sports City (groupe Boukhater) va d’abord se traduire par la destruction des 400 hectares de la forêt d’eucalyptus d’Aïn Zaghouan. Le mégaprojet Bled el-Ward va entraîner l’assèchement et la disparition de la Sebkha de l’Ariana, marécage salé prisé des flamands roses. Les Émiratis assurent que l’écosystème sera préservé. On aimerait les croire sur parole. Mais l’appétit des promoteurs immobiliers est parfois sans limites. Toutes les zones encore un tant soit peu sauvages sont aujourd’hui menacées. Et en particulier celles de la côte nord. Il a ainsi été question de livrer l’île de Zembra, domaine public militaire, sanctuaire pour les phoques de la Méditerranée et les oiseaux de mer, et site protégé par l’Unesco, à des spéculateurs chinois. Ce projet, qui a suscité une vive émotion, semble aujourd’hui abandonné. Mais d’autres idées dorment peut-être dans les cartonsÂ

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