Plainte de Bolloré pour diffamation : Mediapart condamné pour une enquête sur des entrepreneurs camerounais

Une journaliste travaillant pour le site d’information Mediapart a été condamnée mardi en diffamation pour un article intitulé « Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais », publié en avril 2016.

Vincent Bolloré à Paris le 22 juin 2016. © Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

Vincent Bolloré à Paris le 22 juin 2016. © Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

Publié le 8 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné le 8 janvier la journaliste de Mediapart Fanny Pigeaud, spécialiste de l’Afrique et du Cameroun, à une amende de 1 500 euros avec sursis. En tant que directeur de publication, le journaliste Edwy Plenel s’est, lui, vu infliger une amende de 1 500 euros ferme. Le tribunal les a également condamnés solidairement à verser 2 000 euros à chaque partie civile – Vincent Bolloré et deux de ses entreprises, Bolloré SA et SAS Bolloré Africa Logistics –, en dédommagement du préjudice d’image subi.

Mediapart devra en outre supprimer de son site les passages de l’article incriminés sous peine d’astreinte. Dix des passages sur les onze visés par la plainte de Bolloré ont été considérés comme diffamatoires. La journaliste Fanny Pigeaud va « faire appel de cette décision dès demain », a déclaré son avocat Emmanuel Tordjman.

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Olivier Baratelli, avocat des parties civiles, a quant à lui qualifié cette décision de « bouffée d’oxygène contre les excès », en ajoutant que « Mediapart est rappelé à l’ordre » et « ne doit pas se laisser déborder par ses envies d’outrance ».

Une enquête « à charge »

Dans cet article, la pigiste estimait que les deux associés s’étaient retrouvés ruinés parce que le groupe français n’avait pas respecté une décision de la justice camerounaise prise en 1993, lui intimant de payer des dommages et intérêts à leur société. Leurs marchandises, des plantes médicinales, avaient en effet été stockées par une filiale de Bolloré, la Socopao, et avaient subi une avarie, rendant le produit invendable.

Son article évoquait notamment une « collusion » entre le pouvoir camerounais et le groupe du magnat breton. À l’audience le 4 décembre, le ministère public avait critiqué le sérieux de son enquête, estimant que l’article était « certes bien fondé, mais plutôt inopportun ».

Le tribunal a repris mardi ces arguments à son compte, relevant notamment « le caractère incomplet de l’enquête », qu’il a considérée « à charge » et « non contradictoire ».

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« Rien de ce que dit cet article n’est faux ou biaisé »

« En tant que journaliste d’investigation », celle-ci « se devait d’être irréprochable dans son travail d’enquête », a insisté la présidente, estimant que les deux prévenus s’étaient montrés « de mauvaise foi ».

La journaliste de 44 ans s’était défendue à l’audience en disant avoir tenté de joindre en vain le groupe Bolloré et ses conseils pendant près de trois semaines. Edwy Plenel avait pour sa part indiqué « assumer totalement cette publication » qui « évoque une affaire emblématique de ce qui se passe sur ce continent ». « Le groupe Bolloré est supra-étatique en Afrique. (…) Rien de ce que dit cet article n’est faux ou biaisé », avait-il asséné.

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