Présidentielle au Sénégal : Malick Gakou éliminé, plus que sept candidats encore en lice

Le Conseil constitutionnel a rendu sa copie : sur les 27 dossiers de parrainages présentés par les candidats à la présidentielle sénégalaise de février 2019, 20 ont été rejetés. Dernier à avoir été éjecté de la course : Malick Gakou, candidat du Grand Parti, dont les parrainages ont été invalidés.

Malick Gakou, président du Grand Parti, le 28 mars 2018.© Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA © Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA

Malick Gakou, président du Grand Parti, le 28 mars 2018.© Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA © Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA

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Publié le 8 janvier 2019 Lecture : 3 minutes.

« Il n’y aura pas cinq candidats face à Macky Sall », prophétisait le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne à l’occasion du congrès d’investiture de Macky Sall devant les cadres de la coalition Benno Bokk Yakaar, fin novembre. « Le 24 février, à 18 heures, tout sera déjà joué », avait-il même ajouté.

Ce mardi 8 janvier, les parrainages du candidat du Grand Parti Malick Gakou ont été invalidés par le Conseil constitutionnel, après une mise en sursis pour cause de doublons. Après 19 rejets, le 2 janvier, Malick Gakou est donc le vingtième candidat éliminé de la course à la présidentielle, sur 27 dossiers de parrainages présentés.

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Ceux de Madické Niang (dissident du PDS) et d’Idrissa Seck (Rewmi), également en ballottage, ont en revanche été validés. Il rejoignent Macky Sall (APR), Ousmane Sonko (Pastef), Issa Sall (PUR), Karim Wade (PDS) et Khalifa Sall (Taxawu Senegaal), dont les parrainages ont été validés dès le premier examen.

Sur les sept candidatures validées pour la présidentielle, celles de Karim Wade et Khalifa Sall pourraient toutefois être empêchées pour des motifs judiciaires, ce qui ramènerait à cinq le nombre de candidats définitifs.

>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : pourquoi 19 candidats de l’opposition ont été écartés

Interrogé par Jeune Afrique, Malick Gakou revient sur son élimination et dénonce un système de sélection opaque, mis en place pour éliminer en masse les candidats de l’opposition.

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Jeune Afrique : Combien de parrainages vous a-t-il manqué pour faire valider votre candidature ?

Malick Gakou : Il paraît qu’il me manque encore 546 parrainages. Après le premier tour, il me fallait régulariser 8 888 signatures pour cause de doublons. En prévision d’un rejet de mes parrainages, j’avais une réserve de 40 000 signatures, en plus des 67 842 que j’avais déjà remises. Mais on m’a empêché de les présenter lors du « repêchage ».

Il s’agit d’un système opaque qui ne garantit pas l’égalité des candidats

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Nous nous attendions à ce refus, car nous savons bien que le système des parrainages est un procédé d’élimination des candidats. Si l’on regarde les chiffres relatifs à mes dossiers de parrainages, on se rend compte que le logiciel du Conseil constitutionnel a éliminé 14% de mes parrains, au premier comme au second examen. Il est évident que ces chiffres sont issus d’un logiciel conçu pour éliminer certains candidats. Il a également été conçu pour faire croire que les règles étaient les mêmes pour tous. Ainsi, sur les 4 000 parrains de Macky Sall dans chaque région, 200 ont été systématiquement invalidés, pour donner la sensation que son dossier était traité comme celui des autres. Ces chiffres sont trop rond pour être honnêtes.

N’était-il pas souhaitable de faire le tri dans les 27 candidatures déposées ?

Au sein de l’opposition, nous avons toujours combattu ce système de tri par les parrainages. Il s’agit d’un système opaque qui ne garantit pas l’égalité des candidats. On me dit que j’ai 756 doublons avec les cinq candidats qui m’ont devancés, et je n’en connais même pas la nature.

Si le parrainage se veut être un filtre, il devrait être transparent et démocratique

Il serait normal de pouvoir comparer mes parrains à ceux des candidats qui m’ont précédé, mais on ne sait rien des listes avec lesquelles nous aurions des doublons. On ne sait pas plus comment fonctionne le logiciel utilisé par le Conseil constitutionnel. Nous sommes spectateurs de tout ça, c’est le flou le plus total.

Dans tous les cas de figure, si le parrainage se veut être un filtre, il devrait être transparent et démocratique afin d’assurer l’équité de tous les candidats. Or, rappelons qu’Aminata Touré, la mandataire de Macky Sall, a été autorisée à passer en premier lors du dépôt des parrainages. C’est le nœud du complot, car c’est ce qui a permis aux doublons de n’être défavorables qu’aux candidats de l’opposition.

Sur les sept candidatures validées, celles de Karim Wade et Khalifa Sall sont encore incertaines. On pourrait donc s’orienter vers une élection à cinq candidats. Est-ce une situation à laquelle vous vous attendiez ?

Cela n’a rien de surprenant étant donné que le Premier ministre avait lui même prédit, en novembre, une élection à cinq candidats. Le résultat provisoire rendu aujourd’hui semble confirmer ses dires. Cela prouve que le système des parrainages visait à éliminer les candidats d’opposition les plus menaçants.

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