Madjid : « Mes quatre jours chez les terroristes »

Avec 375 cas enregistrés en 2007, les rapts suivis d’une demande de rançon ont pris une ampleur inquiétante. Un sur trois est lié au terrorisme. Enquête sur une forme de criminalité aussi lucrative que difficile à combattre.

Publié le 26 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

« J’ai été enlevé par un groupe armé composé de six jeunes habillés en civil et se réclamant de la Djamaa el-Islamiya. Ils m’ont encagoulé et conduit dans un maquis où j’ai passé quatre jours en compagnie d’une quinzaine de terroristes, dont Nabil Belkacemi, le kamikaze qui s’est fait sauter le 8 septembre 2007 à l’intérieur d’une caserne de gardes-côtes, à Dellys. Dès mon arrivée dans la casemate – un abri de 15 m2 creusé à même la terre et recouvert de branchages et de bâches en plastique -, j’ai eu droit à un seul et dernier appel téléphonique pour rassurer mes proches et leur demander de payer la rançon. D’emblée, l’émir du groupe, qui avait remis ses habits ÂafghansÂ, affiche ses prétentions financières : 30 millions de dinars [environ 305 000 euros]. Ce plafond fixé, les négociations avec mon neveu pouvaient commencer. Les pourparlers ainsi que les modalités de ma future libération se déroulent via les téléphones portables.

Bien que n’étant pas particulièrement surveillé – mes ravisseurs me remettaient tout de même une cagoule sur la tête quand je me rendais aux toilettes -, toute tentative de fuite était vaine. Tous les accès étaient minés. La vie au maquis est très organisée. L’émir commande, les autres obéissent. Lorsqu’ils ne sont pas en opération, les terroristes passent leur temps à prier, à nettoyer leurs armes, à laver leur linge, à s’entraîner ou à écouter des prêches et des chants révolutionnaires sur des baladeurs MP3. Non seulement ils sont en contact avec d’autres groupes armés en Algérie, mais ils communiquent même avec des activistes d’Al-Qaïda en Irak, en Somalie et en Afghanistan.

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Nous mangions des conserves ou des repas préparés à l’aide de réchauds équipés en gaz butane. La nuit, il est interdit d’allumer bougies et autres torches électriques pour éviter d’être repérés. Du coup, ils utilisent la lumière générée par les portables.
Mes ravisseurs ne m’ont jamais manqué de respect. Ils voulaient même me convaincre de rester avec eux pour combattre ce qu’ils appellent le taghout (le ÂtyranÂ). Nos discussions tournaient autour de la lutte armée, du régime algérien, de l’islam et, bien sûr, du paradis, que tous prétendaient vouloir rejoindre le plus vite possible. Au quatrième jour de ma captivité, ils m’ont remis en liberté en m’abandonnant dans un lieu qu’ils avaient préalablement indiqué à mon neveu. Bien sûr, celui-ci a auparavant remis au chef un sac contenant 10 millions de dinars. Le prix de ma liberté. »

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