Guerre de succession relancée
Jadis propriété de Félix Houphouët-Boigny – qui, dans les années 1970, l’acheta à la famille Rothschild -, l’hôtel de Beaumont, dit Masseran, est situé dans le VIIe arrondissement de Paris, pas très loin des Invalides, en face du ministère de la Coopération. ÂOeuvre de l’architecte néoclassique Alexandre-Théodore Brongniart (1787), ce somptueux bâtiment classé se trouve aujourd’hui, faute d’entretien depuis le décès de l’ancien chef de l’État ivoirien, en 1993, dans un état de décrépitude avancé.
Pour éviter de faire supporter le coût de sa réhabilitation au contribuable ivoirien, le président Laurent Gbagbo a chargé Me Sanogo Yaya, notaire à Abidjan, d’organiser la vente d’une partie du mobilier et des tableaux qui s’y trouvent. Quatre-vingts lots seront donc mis aux enchères le 29 juin, à Fontainebleau, en région parisienne. « Des pièces classiques du XVIIIe siècle », précise le commissaire-priseur, Jean-Pierre Osenat. Figureront au catalogue des meubles estampillés (Riesener, Boulle, Oeben, etc.), des bronzes, des porcelaines, des tapis, des bibelots de grande valeur et, surtout, des toiles de maître : Auguste Renoir (une Femme au fagot), mais aussi Van Dongen, Vlaminck, Bonnard et quelques autres.
L’opération pourrait rapporter entre 6 et 8 millions d’euros. Largement de quoi ranimer la guerre pour la succession d’Houphouët ! Car, d’un point de vue juridique, cette vente ne va pas de soi, ce qui pourrait d’ailleurs expliquer qu’en dépit de son importance de grandes maisons comme Sotheby’s ou Christie’s aient prudemment évité de s’y impliquer. Elle pose au moins deux questions : 1. L’État ivoirien est-il en droit de vendre le mobilier ? 2. Est-il même propriétaire des lieux ?
Non, estime Hélène Houphouët, l’un des enfants adoptifs du « Vieux », qui, reconnue héritière légitime par la justice, se bat depuis quatorze ans pour obtenir ce qu’elle estime être son dû. Or les pièces prochainement mises en vente font, selon elle, partie de l’héritage. Dans un blog créé en octobre 2007 sous le titre « Succession Houphouët-Boigny : un grand vol organisé » (http://succession-mr-f.houphouet-boigny.over-blog.net/), elle affirme notamment – actes notariaux, courriers d’avocats et jugements à l’appui – être « totalement spoliée » et demande à l’État ivoirien un dédommagement « pour jouissance à titre locatif d’un bien privé » (l’hôtel Masseran) et pour certaines pièces de la collection privée de son père.
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