Diouf-Wade : « Je t’aime, moi non plus »

Attaques contre la FAO et l’opposition, révision de la Constitution, débat sur sa succession à la tête du pays… À 81 ans, le chef de l’État n’a jamais paru aussi actif. Et ses adversaires aussi critiques à son égard.

Publié le 26 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Qui est responsable du naufrage du Joola ? Le régime d’Abdou Diouf. Qui est à l’origine des problèmes économiques auxquels le Sénégal est aujourd’hui confronté ? Encore le régime de Diouf. Qui a mis le pays en retard sur le plan des infrastructures ? Toujours le régime de Diouf. Même la récente crise alimentaire à laquelle son pays est confronté est, à entendre l’actuel chef de l’État sénégalais, imputable à la mauvaise politique agricole de son prédécesseur, qu’il égratigne à la moindre occasion. Diouf en prend donc pour son grade dans Une vie pour l’Afrique (éd. Michel Lafon), l’autobiographie que Wade a dédicacée le 13 mai à Paris. Comme pour mieux discréditer son prédécesseur, l’actuel président y rapporte un message qu’un émissaire de Diouf lui aurait transmis à la veille de la démission de Léopold Sédar Senghor, en décembre 1980 : « Senghor va partir. Personnellement, je ne peux même pas diriger mon parti, alors à plus forte raison, le Sénégal Je n’ai aucune prétention. Tout ce que je demande à Wade, c’est de ne pas me mettre en prison ni de me contraindre à l’exil. »
C’est pourtant le même Abdou Diouf qui va diriger le Sénégal du 1er janvier 1980 jusqu’au 1er avril 2000, date à laquelle il a transmis le flambeau à Wade à l’issue d’une élection transparente. Avant de s’imposer une règle : ne jamais commenter l’action de son successeur à la tête de l’État. La seule fois il a dérogé à cette ligne, c’était le 16 mai 2006. Ce jour-là, alors que Wade recevait le prix Houphouët-Boigny pour la paix, Diouf n’avait pas hésité à couvrir d’éloges le récipiendaire. Une sortie très peu appréciée par son ancienne formation, le Parti socialiste.
S’il aime se comparer à Senghor, avec qui il a, selon lui, toujours été lié par « une estime réciproque », Wade semble éprouver moins de respect pour Diouf. Et n’en fait pas mystère. Les deux hommes entretiennent pourtant une certaine proximité. Les rapports entre leurs enfants respectifs sont bons : Karim Wade a été l’un des invités d’honneur au mariage de Yacine, la fille d’Abdou Diouf, le 27 avril dernier. La soeur de Karim, Sindiély, est, quant à elle, ami avec Habib Diouf. Les apparences sont donc sauves. Mais le chef de l’État sénégalais semble toutefois nourrir un certain ressentiment vis-à-vis de son prédécesseur, aujourd’hui à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

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